Pourquoi les centres anti-douleur pourraient disparaître
Il existe 245 centres anti-douleur en France, ces structures qui tentent de soulager les douleurs chroniques. Déjà en nombre insuffisant, la situation pourrait s'aggraver à cause des départs à la retraite et d'un manque de recrutement.
Marie souffre d’un mal invisible. Depuis sept ans, elle ressent des douleurs neuropathiques, des brûlures et des décharges électriques, à la cheville droite. Pour être soulagée, elle revient régulièrement dans un centre anti-douleur.
Une prise en charge propre à chaque patient
"Il faut souvent réévaluer pour voir si les composantes sont toujours là, pour savoir s'il faut continuer le même traitement et afin d’adapter la prise en charge. Parfois, une douleur évolue avec le temps", explique la Dre Léah Guichard, anesthésiste, spécialiste de la douleur à l'hôpital Raymond-Poincaré.
Ici, il n'y a pas de guérison, mais des solutions sont proposées pour atténuer la douleur. Pour Marie, la solution, c’est un patch de capsaïcine."C’est du piment très concentré qui va se fixer sur les récepteurs qui posent problème et qui causent des douleurs à la patiente, pour après les "brûler". Ensuite, ça va anesthésier complètement la douleur, généralement ça dure entre un mois et trois mois et demi", explique Mathilde Ankaoua, infirmière.
Seulement 3% des patients pris en charge
Pour être finalement soulagée, Marie doit donc accepter une petite douleur supplémentaire."Ça chauffe comme quand on prend un coup de soleil. La peau est sensible, ensuite la sensation passe, on a moins mal", commente Marie, 22 ans.
Il existe 12 millions des patients comme Marie, qui souffrent de douleurs chroniques en France. Mais moins de 3 % d’entre eux sont pris en charge par un centre anti-douleur.
Déjà plus de 3 mois d'attente
Chaque jour, l’équipe reçoit de nouvelles demandes. Ici, le délai d’attente est de trois mois en moyenne pour obtenir une première consultation. Ces délais risquent encore de s’allonger dans les cinq prochaines années, un quart des médecins des centres anti-douleur vont partir à la retraite.
"On demande des moyens. Il faut former des médecins à la douleur, il faut les payer, il faut être plus attractif. Il faut rendre cette spécialité plus visible, puisqu'en fait, nous ne sommes pas vraiment une spécialité. Nous sommes différents spécialistes avec des compétences en plus. On voudrait devenir une spécialité, au même titre que la neurologie, la rhumatologie", explique la Pr Valéria Martinez, cheffe du centre anti-douleur à l'hôpital Raymond-Poincaré.
La douleur reste le premier motif de consultation, chez le médecin généraliste comme aux urgences.