Radiopédiatrie, une spécialité en voie de disparition ?
Faire passer un examen radiologique à un enfant demande un savoir-faire spécifique. Cet examen est réalisé par les radiopédiatres. En France, ils sont seulement 150 à exercer cette spécialité. Reportage.
Comme nombre de métiers de la santé, les radiologues pour enfants souffrent de la désertification médicale et du manque de reconnaissance. C’est pourtant une spécialité primordiale pour la prise en charge des enfants.
Tayron a 4 ans et il s’apprête à passer son tout premier examen IRM dans ce service de radiopédiatrie. Le petit garçon est anxieux.
Le défi pour l’équipe soignante est qu’il bouge le moins possible pour obtenir des images exploitables. Pour cela, l’infirmière accompagne Tayron dans l’IRM, elle lui raconte des histoires pour tenter de le détendre et éviter la sédation.
Radio-pédiatre, une spécialité à part entière
Tayron n’aime pas trop le bruit de l’IRM. C’est un mauvais moment pour le petit garçon, mais les images obtenues suffisent finalement pour établir que son IRM est normale. En radiopédiatrie, l’analyse des résultats demande également une certaine expertise.
"Le métier de radiologue d’enfants demande une expérience. Ne pas prendre par exemple un cartilage de croissance pour une fracture, c’est un piège classique. Ne pas prendre une modification banale du cartilage de croissance pour une tumeur, c’est aussi quelque chose de classique. Les enfants ne sont pas des adultes miniatures, un radiologue adulte qui n’a aucun entraînement sur des pathologies d’enfants, ne pourra pas poser un diagnostic adéquat", explique Catherine Adamsbaum, cheffe de service radiopédiatrie à l'hôpital Bicêtre.
La radiologie interventionnelle pédiatrique est encore plus spécifique. Sous ce champ stérile, un enfant de 2 ans a reçu une transplantation hépatique l’année dernière, mais les médecins doivent à nouveau intervenir.
"Il y avait un rétrécissement de la veine qui rentre dans le foie, donc aujourd’hui on lui a mis un stent, un tuyau grillagé pour essayer de maintenir cette veine suffisamment large pour éviter qu’il ait des complications dont certaines peuvent être fatales", commente le Pr Stéphanie Franchi-Abella, radiopédiatre à l'hôpital Bicêtre.
La radiologie interventionnelle pédiatrique : un recours à la chirurgie
La radiologie interventionnelle est nettement moins invasive qu’une chirurgie classique, c’est donc la meilleure solution pour ce petit garçon, comme pour tous les enfants, malades ou non.
"Si votre enfant en sortant de l’école, est renversé, ou tombe, s'abîme le rein, en radiologie on peut essayer de le sauver en bouchant les vaisseaux qui saignent, alors que si le chirurgien doit y aller, dans la plupart des cas, il va être obligé de retirer le rein, donc c'est l’importance de cette spécialité", explique le Pr Stéphanie Franchi-Abella.
En France, seuls 4 hôpitaux ont des équipes dédiées à la radiologie interventionnelle pédiatrique. Faute de recours, la chirurgie est donc l’option communément choisie pour ce genre de situation.