Deux médecins et un pharmacien en garde à vue suite au décès d'un patient
Un généraliste, un ophtalmologue, ainsi qu'un pharmacien ont été entendus le 24 mars au commissariat de police d'Albi, suite au décès, en moins de 10 jours, d'un de leurs patients. En octobre dernier, un homme de 34 ans était décédé des suites d'erreurs répétées dans sa prise en charge.
"Une succession accablante de négligences". La conclusion de l'avocate de la victime est sans appel. Un médecin généraliste, un ophtalmologue et un pharmacien ont passé une journée en garde à vue, le 24 mars à Albi (Tarn), cinq mois après le décès d'un patient. Les trois professionnels de santé ont été entendus à propos de la mort en octobre dernier de David Combes, 35 ans, père de deux enfants et habitant d'Arthès, dans le Tarn. Maitre Jehanne Collard affirme que ce patient, atteint d'une infection à l'œil, est décédé des suites d'erreurs de prescription de l'ophtalmologue.
"Les gardes à vue des médecins sont rarissimes" a indiqué l'avocate. Les trois hommes sont ressortis libres de leurs auditions.
En octobre 2014, l'homme était allé consulter son généraliste, s'inquiétant de voir apparaître une tâche dans l'œil. Le médecin l'a directement orienté vers un ophtalmologue qui lui a ""filé" des antibiotiques, des vitamines et lui (a) dit que son infection était probablement liée à une toxoplasmose quand il était enfant», a affirmé l'avocate. Mais ce spécialiste s'est «trompé entre les doses» de vitamines et de Malocide®.
Décédé moins de 10 jours plus tard
Selon l'avocate, le pharmacien a délivré "sans sourciller" un médicament contre la toxoplasmose, la Malocide, malgré le dosage manifestement excessif prescrit par le spécialiste. A la suite de cette ingestion massive, la victime a eu, selon l'avocate, «des malaises très sévères». Mais le médecin généraliste, puis l'ophtalmologue, lui ont dit de poursuivre son traitement.
La Malocide® est un antiparasitaire prescrit dans "les formes graves de toxoplasmose" selon le Vidal. La dose habituelle est d'un comprimé par jour, mais la femme de la victime a indiqué qu'aucune posologie n'était inscrite sur la boite de médicaments de son mari. Pris à forte dose, le traitement peut entrainer des convulsions, dont a été victime David Combes.
Hospitalisé dans un état critique à Albi puis à Castres, le patient est mort deux jours plus tard d'un infarctus des suites de ses convulsions. Sa compagne a déposé plainte le lendemain.
VOIR AUSSI :
Que dit la loi ?
Les médecins commettent un délit "en cas de faute d'imprudence, de négligence ou de manquement à une obligation (…) s'il est établi que l'auteur des faits n'a pas accompli les diligences normales compte tenu (…) de la nature de ses missions". "Les personnes physiques qui n'ont pas causé directement le dommage, mais qui ont créé ou contribué à créer la situation (…) sont responsables pénalement» (loi du 11 juillet 2000). De ces responsabilités sont exclues les infections nosocomiales, les conséquences de produits de santé défectueux ou si le patient faisait partie de recherches biomédicales.