Quelle prise en charge pour les délinquants sexuels ?
L'affaire Angélique, cette fillette de 13 ans retrouvée morte ce week-end à Quesnoy-sur-Deûle, près de Lille, relance le débat sur le suivi des délinquants sexuels.
Le corps d’Angélique a été retrouvé dans la nuit de samedi à dimanche. En garde-à-vue, un ancien voisin, qui avait déjà été condamné en 1996 pour "viol avec arme, attentats à la pudeur aggravés et vol avec violence", est passé aux aveux. Comment améliorer la prise en charge des délinquants sexuels ? Le Dr Gabrielle Arena, psychiatre et responsable d’une consultation spécialisée dans le suivi des délinquants sexuels a répondu à nos questions.
- Aujourd'hui en France, comment sont pris en charge les délinquants sexuels ?
Dr Gabrielle Arena : "Des centres ressource des intervenants auprès d’agresseurs sexuels ont été créés sur tout le territoire français. Il en existe un par région. Ils ont pour but de former les soignants à la psychopathie, à la criminologie. Cela ne s’improvise pas. Les délinquants sexuels ne sont pas des malades mentaux. Ce ne sont pas des malades au sens psychiatrique du terme. La faculté ne nous a pas du tout formés à cette clinique-là."
- Dans ce contexte, comment les soigner ?
Dr Gabrielle Arena : "Le soin n’est pas un soin classique, c’est une réflexion sur leurs parcours, sur ce qui les a poussé à ce passage à l’acte. Pourquoi avec cet enfant-là, dans quelles circonstances de vie… La réflexion consiste à identifier les facteurs de risque."
- Mais une fois jugé, et sa peine purgée, le délinquant est-il lâché dans la nature sans arsenal thérapeutique ?
Dr Gabrielle Arena : "Pas du tout, il est contraint à une obligation ou une injonction de soin. En cas d’injonction, un médecin coordinateur fait même le lien entre le juge d’application des peines et le médecin traitant. Un conseiller d’insertion et de probation des services pénitentiaires convoque tous les mois le délinquant et lui demande comment il va sur le plan social, sur le plan professionnel… C’est très important ! La réinsertion, ce n’est pas uniquement la réinsertion par le soin, c’est aussi une réinsertion globale qui va permettre au sujet de ne pas récidiver. Mais rien n’est absolu dans l’humain, tout peut basculer aussi très vite."