LMDE : la mutuelle des étudiants sauvée par la Sécu
Mauvaise gestion, délais d'affiliation trop longs, remboursements de soins qui s'éternisent... La LMDE, principale mutuelle étudiante, s'est enlisée financièrement avec une dette de 30 millions d’euros. Pour l'aider à sortir la tête de l’eau, un partenariat avec l'Assurance-maladie a été décidé par les pouvoirs publics permettant ainsi à la mutuelle étudiante de se décharger de nombreuses tâches administratives.
Si on demande aux étudiants ce qu'ils pensent de leur mutuelle, la LMDE, ils sont plutôt enthousiastes. "Pour moi, c’est important parce que c'est géré par des étudiants pour des étudiants", selon un étudiant ou "ça nous permet de gérer notre argent et on est plus serein" pour une autre.
Une mauvaise gestion et des retards de remboursements
Si les adhérents sont plutôt contents, la réputation de la mutuelle a été épinglée par la Cour des comptes en 2013 pour sa mauvaise gestion et notamment ses retards de remboursement. Depuis le 1er octobre 2015, le partenariat entre la LMDE et l'Assurance-maladie semble sonner la fin d'une galère pour les 829.000 étudiants.
"C'est un partenariat avec une répartition des tâches dont l'essentiel est fait par l'Assurance-maladie parce que nous avons le système informatique et nous l'avons adapté en conséquence pour pouvoir procéder au traitement des dossiers des étudiants. Mais nous ne sommes pas dans une logique 'd'absorption' de la LMDE par l'Assurance-maladie", explique Eric Le Boulaire, directeur délégué au réseau de la CNAM.
80% des tâches administratives gérées par l'Assurance-maladie
Il ne s'agit pas d'une absorption du régime spécial des étudiants, mais d'un transfert d'environ 80% des tâches administratives. L'Assurance-maladie gère désormais les droits et les dossiers des étudiants affiliés à la LMDE. Quatre caisses d'Assurance-maladie se sont réparties le travail : accueil téléphonique, remboursements cliniques et hospitaliers et gestion de feuilles de soins.
Une partie des salariés de la LMDE a également été intégrée à l'organisme de santé. C'est le cas de Frédérique Nianzou Kongo : "On valide tous les flux de transmission que nous recevons pour qu'ils puissent être réglés au plus vite, c’est-à-dire le lendemain. Nous traitons les dossiers étudiants et aussi les dossiers de l'Assurance-maladie", précise cette gestionnaire des prestations de la CPAM.
A Créteil, la Caisse a pour mission de traiter toutes les feuilles de soins électroniques. Elle réalise 30.000 paiements par jour pour des remboursements de consultation, les actes de biologie, les séjours hospitaliers, les actes de kinésithérapie et infirmiers et les remboursement de médicaments."
Une nouvelle organisation jugée satisfaisante
Pour les dossiers de la LMDE jugés comme "problématiques", une cellule de facilitation a même été créée. Pas moins de 1.100 cas ont été pris en compte.
"Tout a été traité, mais tout n'a pas été réglé pour les assurés puisqu'on attend des retours et nous avons donné une adresse particulière à ces personnes pour traiter leurs dossiers en priorité". D'après l'Assurance-maladie, une grande partie des dossiers LMDE n'ont pas abouti à des remboursements faute de RIB ou encore de médecin traitant non communiqué.
Du côté de la LMDE, cette nouvelle organisation est jugée satisfaisante car la mutuelle va se concentrer sur deux activités : la gestion de la complémentaire santé et la prévention. "Nous sommes convaincus que la population étudiante a des problématiques de santé plus spécifiques que d’autres parties de la population. Non pas que les jeunes soient plus malades, au contraire, mais par exemple ils sont plus exposés à des problématiques de renoncement aux soins. Ainsi, 35% des jeunes renoncent à une consultation médicale au cours de l'année", précise Romain Boix, président de la LMDE.
En se déchargeant d'une grande partie des tâches administratives, la LMDE espère désormais mieux sensibiliser les jeunes étudiants à leur santé.