Grossesse : anticiper les risques pour éviter l'arrêt de travail précoce
L’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) a émis lundi des recommandations pour mieux concilier travail et grossesse. Voici ce qu’il faut en retenir.
L’Anact avait été missionnée en mars 2017 par le précédent gouvernement. La raison ? Deux cas de fausses couches de caissières avaient été rendus publics. Le premier dans le Auchan City de Tourcoing (Nord), l’autre dans le supermarché O’Marché Frais de La Courneuve (Seine-Saint-Denis).
Les agences régionales des Hauts-de-France et de Nouvelle-Aquitaine ont donc été missionnées pour réaliser une enquête de terrain auprès de 37 salariées dans 13 magasins de la grande distribution. Un secteur sensible en raison du "port cumulé de charges" par les employées, des nombreux déplacements dans le magasin, qui peut parfois recouvrir une très grande surface, et du "prolongement de la station debout ou assise", pour les caissières notamment.
Des employées mal informées, des conditions de travail pas aménagées
L’Anact tire deux "enseignements principaux" de son étude. D’abord, les salariés et managers sont "trop peu informés sur les droits de la salariée enceinte et les risques liés au travail". Notamment, sur la possibilité d’exiger qu’un médecin du travail s’assure de la compatibilité entre les tâchées effectuées par la salariée et son état de santé. "Sollicités dans l’urgence et trop tardivement, les médecins du travail ne sont pas en mesure de proposer des mesures d’aménagement des conditions de travail", relate l’étude.
Ces conditions sont justement pointées du doigt. Dans la grande distribution, les femmes enceintes doivent souvent continuer à porter des charges lourdes. "Une majorité de femmes enceintes ou l'ayant été déplore avoir toujours à demander de l'aide sans qu’elle leur soit proposée spontanément", détaille l’Anact.
La solution souvent adoptée par ces employées est de quitter leur travail avant le congé maternité. Parmi les 37 salariées interrogées, plus de la moitié d'entre elles, y compris du personnel d'encadrement, se sont arrêtées définitivement avant le cinquième mois de leur grossesse, et seulement 10% ont travaillé dans le magasin jusqu'au début de leur congé maternité. L’Anact "fait l’hypothèse que le retrait anticipé du travail n'est pas tant lié à une pathologie qu'à des conditions de travail insuffisamment adaptées".
Quelques bonnes pratiques dans la grande distribution
"Si les mesures d'aménagements et les changements de postes sont rares, des actions d'information sont néanmoins mises en œuvre par plusieurs enseignes", tempère l’Anact. Et de citer la diffusion d'un "guide de la parentalité" aux managers, la création de "modules gestes et postures" pour les futures mères qui le souhaitent ou encore l’encouragement à rendre visite au médecin du travail.
Certaines enseignes décident aussi d’adapter le travail des femmes enceinte, en les plaçant le plus souvent possible en binôme, en limitant le port de charges ou en aménageant leurs horaires.
Objectif : le maintien au travail jusqu’au congé maternité
Dépassant le seul secteur de la grande distribution, l'Anact préconise de lancer un "programme national de recherche sur l'impact du travail sur le déroulement de la grossesse" pour mieux identifier les risques, de renforcer par la formation continue les connaissances des praticiens de la maternité quant aux risques professionnels, de faire coopérer tous les acteurs de la santé, y compris la médecine du travail, ou encore faire connaître sur le territoire national les "pratiques vertueuses" des entreprises.
Toutes ces recommandations visent à "passer d’une logique individuelle de gestion de la grossesse au travail à une approche organisationnelle de conciliation grossesse et travail". L'objectif affiché étant le "maintien au travail, si possible jusqu'au début du congé maternité" en mobilisant "toutes les possibilités d'aménagement ou de changement de poste".
Avec AFP