Les propositions de la Cour des Comptes pour un système de soins plus efficace
Dans son rapport annuel sur la Sécurité sociale, la Cour des Comptes formule une quarantaine de recommandations pour améliorer l’accès aux soins et maîtriser les dépenses de santé.
Tour d’horizon des principales propositions de la Cour des comptes avec Maroussia Renard.
- Accélérer le virage ambulatoire en médecine
Avec plus de 5 opérations sur 10 qui se font aujourd’hui sans que le patient ne dorme à l’hôpital, la France a rattrapé son retard dans le domaine de la chirurgie ambulatoire. Mais il reste de nombreux progrès à faire pour développer la médecine ambulatoire : lorsque des soins en ville ou en hospitalisation à domicile peuvent se substituer à un séjour à l’hôpital. Une des solutions prônée par la Cour des Comptes est de déléguer davantage de tâches aux professionnels de santé autres que les médecins, un peu sur le modèle des infirmières en pratique avancée.
- Renforcer la prévention des maladies cardio-neurovasculaires
Insuffisance cardiaque, pathologies coronariennes, AVC… les maladies cardio-neurovasculaires sont devenues la deuxième cause de mortalité en France, après les cancers. Pour y remédier, la Cour dit préconise d’améliorer la prévention sur les principaux facteurs de risque : tabagisme, alcool, diabète… Elle propose notamment de taxer davantage l’alcool et les boissons sucrées. L’objectif est évidemment de faire baisser la mortalité mais aussi les dépenses de santé. La prise en charge de ces maladies coûte cher. En 2016, les maladies cardio-neurovasculaires ont engendré 16,1 milliards d’euros de dépenses pour les régimes d’assurance maladie.
- Améliorer l’efficacité des filières de soins pour les maladies cardiovasculaires
Pour les AVC, il y existe des structures dédiées dans les hôpitaux, les UNV (unités neuro-vasculaires) qui fonctionnent plutôt bien. En revanche, pour les maladies cardio-vasculaires, la prise en charge des patients est morcelée entre plusieurs services, parfois trop petits, or selon la Cour des Comptes, cela nuit à la qualité et la sécurité des soins. Les Sages préconisent par exemple de relever les seuils d’activités nécessaires pour obtenir des autorisations de chirurgie cardiaque. Autre point à améliorer, la rééducation pour limiter les séquelles. Seuls un tiers des patients victimes d’un infarctus ou d’un AVC bénéficient de soins de suite et de réadaptation alors qu’ils ont un impact démontré sur le risque de récidive, la mortalité et le bien-être des patients.
- Soins visuels : une prise en charge à réorganiser
Le délai d’attente moyen pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologue est en moyenne de 87 jours, jusqu’à 168 jours dans le Finistère. La Cour des Comptes pointe aussi des difficultés d’accès aux soins d’ordre financier. Près de 58% des ophtalomogues pratiquent des dépassements d’honoraires. Pour faire face à la diminution de 20 % d’ici à 2030 de la densité moyenne de ces spécialistes, aujourd’hui déjà très inégalement répartis sur le territoire, la Cour des comptes préconise d’« élargir l’offre de premiers recours » à d’autres professionnels de la filière visuelle à condition de renforcer leur formation. Les sages proposent que les orthoptistes puissent réaliser des bilans visuels et des consultations simples sans être supervisé par un médecin. De leur côté, les opticiens-lunetiers devraient eux aussi pouvoir « prescrire en première intention » des lunettes ou des lentilles. Pas sûr que les ophtalmologues adhèrent totalement aux remèdes proposés par les magistrats de la rue Cambon.