Que faire si votre médecin quitte la sécurité sociale ?
Face à l'échec des négociations entre les médecins et l'Assurance maladie sur le tarif des consultations, de nombreux médecins choisissent de se déconventionner. Cela signifie que leurs patients ne seront plus remboursés.
Pétra Kunze est une affranchie. Il y a 25 ans, cette ophtalmologue a rompu avec la sécurité sociale. Cela a changé beaucoup de choses. Elle est libre de prendre son temps : 1 h par patient et seulement sept consultations par jour. Elle est libre aussi de fixer le prix : 230 € à la charge du patient, car ici, le secteur 1 et 2 n’existent pas.
"La santé est une priorité. Pour moi, c’est le must et je m’offre le must pour mes yeux", explique Catherine, une patiente de 73 ans.
796 médecins déconventionnés sur 111 381
Ce prix est le fruit d’un savant calcul qui lui permet de payer ses charges, son matériel, ses six semaines de vacances et un salaire de 6 000 € par mois. En secteur 1, sa consultation serait fixée à 28 €.
"Si on applique le tarif sécu, ce sont 45 personnes dans la demi-journée. Je me suicide moi, je ne peux pas supporter ça. On est obligé d’être mauvais à deux minutes la personne. On n’a pas le temps de l’écouter et de lui remonter le moral, tout ce qui fait que le boulot de médecin est sympa en fait", argumente la Docteure Pétra Kunze.
Seuls 796 médecins sur les 111 381 que compte la France ont fait le choix de se déconventionner. C'est une médecine marginale, réservée aux plus aisés, mais qui séduit de plus en plus de médecins.
Les patients les plus précaires pénalisés
De son côté, Sylvie Cabrita fête ses 20 ans en secteur 1. 20 ans qu’elle facture 25 € la consultation. Elle a décidé d’en finir et annonce la couleur à chacun de ses patients. "J’ai décidé de me déconventionner. Ma consultation ne sera plus prise en charge par la sécurité sociale et j’ai décidé qu’elle sera à 65 €", explique cette généraliste.
Elle sait qu’elle laissera sur le carreau ses patients les plus précaires. Mais avec 40 consultations par jour et trois mois de délai d’attente, la situation est intenable. Elle s’avoue en burn-out, comme la moitié de ses collègues.
"Si je ne me sauve pas en me déconventionnant, l’autre solution, c’est d’arrêter la médecine. Ce serait dommage pour des gens qui pourraient recevoir mes soins", confie-t-elle.
Pour un déconventionnement collectif
Le Dr Jérôme Marty représente le seul syndicat à réclamer un déconventionnement collectif. Sur son site, il compte plus d’un millier de promesses en ce sens. Son objectif est de contraindre l’Assurance maladie à revaloriser les honoraires, quitte à délaisser les patients les plus pauvres.
"On défend un système solidaire, mais on veut tordre le cou au politique pour qu’il négocie vraiment et qu’il sauve notre médecine", confie Jérôme Marty , président de l'UFLM-Syndicat.
Un arbitre désigné par l’Assurance maladie a pour mission de trouver un compromis provisoire d’ici la fin du mois d’avril.