Psychiatres, psychologues...Comment trouver le professionnel qu'il vous faut ?

Anxiété, problèmes de couple, angoisses liées au confinement… nous sommes nombreux à ressentir le besoin d’aller voir un "psy". Quels sont les tarifs pratiqués ? Quelle est la prise en charge ? Décryptage. 

Maroussia Renard
Rédigé le , mis à jour le

"Tu devrais aller voir quelqu’un "...On entend souvent cette phrase. Mais ce n’est pas simple d’y voir très clair dans ce domaine.
Quelqu’un… c’est assez vague, pourtant c’est important de savoir qui précisément, parce que les tarifs et la prise en charge varient en fonction du type de professionnel que vous choisissez. En gros, il y a trois grandes catégories de "psy". 

  • Les psychiatres, qui sont des médecins, spécialistes de la santé mentale. Ce sont les seuls à pouvoir poser un diagnostic et prescrire des médicaments si besoin. Ils peuvent aussi juste proposer une psychothérapie. 
  • Les psychologues cliniciens, qui ne sont pas médecins mais ont un diplôme universitaire et ont obligatoirement fait un stage de 5 mois en service psychiatrique.
  • Les psychanalystes, qui eux n’ont pas de diplôme d’Etat spécifique mais doivent remplir plusieurs conditions pour pouvoir poser leur plaque. 

Quels sont les tarifs des consultations et les remboursements  ? 

Si vous consultez un psychiatre, vous êtes pris en charge par la Sécurité sociale, comme pour toute consultation chez un médecin. Le tarif pour les adultes est de 41,70€ (hors dépassement d'honoraires), remboursé 28,19€. Pour trouver un psychiatre près de chez vous, il suffit d’aller sur l’annuaire ameli.fr. 
Tous les psychiatres ne font pas de psychothérapies, ils se concentrent plutôt sur les pathologies lourdes. Ils sont surtout de moins en moins nombreux, ils sont pris d’assaut et donc ça n’est pas facile de décrocher un rdv. 


La deuxième option est de consulter un psychologue. Mais il ne faut jamais choisir un thérapeute au hasard sur le net. Il existe un répertoire officiel des psy agréés, le répertoire Adeli, mais il n’est pas accessible sur Internet, il faut le demander à l’ARS. Pour trouver le numéro de votre ARS rdv sur ars.sante.fr. Vous pouvez aussi demander à votre généraliste de vous orienter. Le problème, c’est que tous les patients ne peuvent pas se permettre de consulter un psychologue en cabinet. Leurs tarifs (qui sont libres) vont de 50 à 80€ la séance et il n’y a aucun remboursement de la Sécu, pas un centime… C’est pareil pour les psychanalystes.  

Est-il possible de faire une psychothérapie remboursée  ? 

Il existe quelques possibilités mais c’est très limité. Si vous allez voir un psychologue en libéral, certaines mutuelles proposent une prise en charge, mais c’est forfaitaire et c’est rarement suffisant. On ne règle pas un état anxieux en 3 séances… Mutuelle ou pas, il ne faut jamais hésiter à négocier le tarif si vos revenus le justifient. Le psychologue peut accepter de baisser ses honoraires. 

Il existe aussi des psychologues dans le secteur public. Il y a ce qu’on appelle les CMP (centres médico-psychologiques), dans chaque département.
En théorie, tous les patients qui ont besoin d’un suivi psy peuvent y aller et il n’y a aucune avance de frais. En pratique, les CMP sont totalement débordés et les délais d’attente pour un premier rendez-vous peuvent aller jusqu’à 3 mois.

Autre solution : consulter un psychologue à l’hôpital. Mais ils sont généralement rattachés à un service et donc vous ne pouvez y avoir accès que si vous êtes hospitalisé ou suivi dans ce service (ex  : cancérologie, maternité…).

Dernière solution, faire appel à des associations. Là encore, elles s'adressent à des publics spécifiques. Il y a aar exemple les BAPU, les bureaux d’aide psychologique universitaire, réservés aux étudiants. 

Des séances prises en charge chez le psychologue

Il y a quand même une exception et dans certains départements, on peut en bénéficier. Pour ça, il faut avoir la chance d’habiter les Bouches-du-Rhône, la Haute-Garonne, les Landes ou le Morbihan. Dans ces départements, la Sécu mène une expérimentation depuis deux ans.


Le principe, c’est que les généralistes peuvent prescrire à leurs patients qui présentent des troubles anxieux ou dépressifs modérés des séances chez le psychologue, entièrement remboursées. Ça n’est pas pour tout le monde, il faut avoir entre 18 et 60 ans et aucun antécédent psychiatrique.
Surtout c’est extrêmement encadré  et les médecins sont obligés de demander l’accord préalable de la Sécu, pour chaque patient. Les psychologues, eux, doivent rendre des comptes pour évaluer l’efficacité de la thérapie. Cela fait beaucoup de paperasse et de temps pour des professionnels qui en manquent. L’autre limite, c’est le tarif fixé par la Sécu… les psychologues sont payés 22€ la séance.  

Des séances de psychologie remboursées qui pourraient se généraliser  ? 

Il faudra attendre la fin de l’expérimentation, fin 2020 pour le savoir. C’est en tout cas ce que réclament beaucoup de spécialistes (en affinant le dispositif). Cela semble être une bonne idée parce que la psychothérapie, c’est vraiment le traitement de première intention pour les problèmes d’anxiété ou de dépression d’intensité modérée, c’est ce que dit la HAS. Entre le manque de psychiatres, les délais d’attente effarants dans les CMP et les psychologues non remboursés, très peu de patients ont accès à ce suivi. Le résultat c'est qu'ils se tournent vers leur médecin traitant, or les généralistes le reconnaissent eux-mêmes, ils n’ont pas forcément le temps ni l’expertise pour bien prendre en charge la santé psychique de leurs patients.
Ils ont tendance à privilégier les médicaments. 

En France, 90% des psychotropes sont prescrits par des généralistes. Ce n'est peut-être pas un hasard si nous sommes parmi les champions d’Europe de consommation de ces médicaments. Au-delà de l’enjeu de santé publique, il y a un enjeu économique . En France, les troubles de la santé mentale (maladies psychiatriques, antidépresseursanxiolytiques) coûtent très cher. Cela représente plus de dépenses de santé que celles liées aux cancers ou aux maladies cardiovasculaires.