Plusieurs doyens de facultés en faveur de l’enseignement de l'homéopathie
Ces responsables d'université attendent les conclusions de la HAS pour réévaluer les diplômes universitaires et interuniversitaires consacrés aux médecines alternatives.
Nous souhaitons "affirmer notre engagement pour analyser avec rigueur et ouverture d’esprit les actions de formation et de recherche consacrées aux médecines alternatives et intégratives, en particulier l’homéopathie", déclarent la Conférence des présidents d’université (CPU), la Conférence des doyens des facultés de médecine (CDFM) et la Conférence des doyens des facultés de pharmacie (CDFP). Dans un communiqué publié le 6 septembre, ils estiment qu’une formation sur l’homéopathie est indispensable pour en saisir l’intérêt et les limites.
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Le remboursement de l’homéopathie remis en question
Le communiqué fait implicitement référence à la décision de Didier Gosset, doyen de la faculté de médecine de Lille, qui a suspendu son diplôme d'homéopathie le 31 août dernier dans l’attente d’un avis de la Haute autorité de santé (HAS). Le ministère de la Santé a en effet demandé à la HAS de statuer sur la légitimité du remboursement de l’homéopathie par la Sécurité sociale le 1er août dernier, et ses conclusions sont attendues pour février prochain.
"Nous menons la mise en place d’un observatoire universitaire des médecines alternatives [pour] non seulement faire un inventaire précis de l’offre de formation et de recherche, mais aussi travailler pour comprendre les déterminants psychosociaux qui font leur succès" précise le communiqué. Les signataires précisent par ailleurs qu’ils soutiennent le travail de la HAS, et qu’ils attendent ses conclusions pour réévaluer les diplômes universitaires et interuniversitaires consacrés aux médecines alternatives.
Le "choix fort" de Didier Gosset a pour sa part été salué par le Collège national des généralistes enseignants (CNGE), qui a encouragé "les autres facultés à suivre le même chemin". La suspension du diplôme d’homéopathie de la faculté de Bordeaux avait également été actée en 2009.
Si l’homéopathie a toujours été décriée par une grande partie de la communauté scientifique, la légitimité de son remboursement est particulièrement débattue depuis quelques mois. Le 19 mars 2018 en effet, un collectif de 124 médecins a signé une tribune dans Le Figaro mettant en garde contre les "médecines alternatives" – dont l'homéopathie – fonds de commerce des "charlatans en tout genre qui recherchent la caution morale du titre de médecin pour faire la promotion de fausses thérapies à l'efficacité illusoire". Le Syndicat national des médecins homéopathes français a depuis déposé une soixantaine de plaintes disciplinaires devant l'Ordre des médecins contre les signataires de ce texte. Ils dénoncent notamment un "non-confraternité".
La HAS doit analyser l’efficacité, les effets indésirables, la "place dans la stratégie thérapeutique" et "l'intérêt pour la santé publique" de l’homéopathie. Cette pratique se présentant comme une alternative à la médecine conventionnelle existe depuis 220 ans. Elle prétend soigner en administrant une quantité infinitésimale d'une substance qui imite l’effet d’une maladie. Dans les faits, les dilutions employées sont souvent telles que les préparations homéopathiques ne contiennent plus la moindre molécule de principe actif... Pourtant, certains médicaments sont remboursés à hauteur de 30% par l'Assurance maladie.