Réforme de l'hôpital : "Il faut miser sur la proximité"
À quoi ressemblera l'hôpital de demain ? Le Haut conseil pour l'avenir de l'Assurance maladie préconise des hôpitaux plus nombreux et plus petits. Des propositions ambitieuses qui vont à l'encontre de la tendance actuelle.
Le Haut conseil pour l'avenir de l'Assurance maladie qui rassemble des syndicats, des directeurs d'hôpitaux, et les représentants des caisses de sécurité sociale a rendu un avis sur la transformation du système de santé. Il préconise d'investir dans des "hôpitaux communautaires" pour soigner le tout-venant et les personnes âgées en privilégiant la proximité aux petits services de chirurgie. Frédéric Valletoux, le président de la Fédération Hospitalière de France (FHF) répond à nos questions sur ce sujet.
- Multiplier les petits hôpitaux, ce n'est pas vraiment la tendance actuelle qui tend à fermer les petites structures. Quel est votre avis sur la question ?
Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France : "La bonne idée, c'est de revenir à la proximité et aux besoins dans les territoires. Il faut créer une médecine de premiers recours qui va à l'encontre de ce qu'on a connu ces dernières années avec le culte de la fermeture des lits, la fermeture de services, des petits établissements... Tout cela a d'ailleurs conduit à assécher les territoires, il y a aussi de moins en moins de médecins de ville et les déserts médicaux sont de plus en plus nombreux... et à l'arrivée, les Français vivent de grandes difficultés pour accéder aux soins. Pour cela, il faut s'appuyer sur les hôpitaux locaux et il y en a encore beaucoup qui sont des établissements de proximité, ils doivent demain accueillir des médecins de ville et doivent être plus ouverts sur leur territoire."
- Qu'est-ce que les hôpitaux communautaires ? Des structures hybrides entre le centre hospitalier et la maison de santé ?
Frédéric Valletoux : "Aujourd'hui, il y a dans les hôpitaux français des hôpitaux locaux qui n'ont pas été fermés et ce sont des points d'appui dans les territoires. On pourrait les ouvrir et autoriser à ce que les médecins de ville, des généralistes, puissent intervenir et suivre des patients dans ces hôpitaux locaux. C'est une bonne idée. Je suis assez sceptique sur l'idée de recréer un nouvel établissement, un nouvel outil. Un maillage existe déjà et il peut permettre à des médecins privés d'aller travailler en hôpital de proximité. Il faut oxygéner le système, assouplir les procédures plutôt que de recréer une couche administrative. On ne va pas recréer à l'infini des machins institutionnels qui ne servent à rien."
- Le but est de décharger les urgences, mais la grande nouveauté est surtout de réunir sous le même toit médecins libéraux et hospitaliers. Est-ce l'avenir ?
Frédéric Valletoux : "Aujourd'hui, on sait qu'un médecin libéral ne veut plus ouvrir son cabinet de ville, il ne veut plus travailler seul. Demain, on lui dira qu'il pourra intervenir en structures d'hôpital de proximité quelques jours par semaine. Je crois que la bonne idée de ce rapport du Haut Conseil pour l'avenir de l'Assurance maladie, c'est le retour à la proximité. La mauvaise idée serait plutôt la manière en recréant une structure comme l'hôpital communitaire. Cela n'est pas nécessaire."