Un interne sur deux en médecine générale travaille au-delà des horaires réglementaires
Certains effectuent même jusqu'à 80 heures par semaine, selon une étude publiée le 15 février.
Un interne en médecine, stade ultime de la formation médicale, ne peut travailler à l’hôpital plus de 48 heures par semaine en dix demi-journées. Pourtant, en médecine générale, la moitié dépassent largement ces heures, selon une étude menée auprès de plus de 1.000 internes et publiée le 15 février. Selon cette enquête, réalisée à l'initiative du syndicat des internes de médecine générale ISNAR-IMG, 4% des étudiants qui dépassent les horaires légaux effectuent jusqu'à 80 heures par semaine.
Une surcharge de travail et une pression des médecins seniors
En 2013, la Commission européenne avait déjà tiré la sonnette d’alarme et sommé la France de respecter la loi. "Le caractère pédagogique de ces gardes doit rester une priorité", souligne l'étude publiée de l’ISNAR-IMG. "Les internes sont, avant tout, des professionnels en formation, et ils ne peuvent pas n'être qu'une variable d'ajustement en cas de carence de personnel médical", poursuit l’enquête.
"La surcharge de travail à l’hôpital et la pression des médecins seniors est une réalité", relève l'étude, qui évoque une "culpabilisation de la part des internes" et "un épuisement professionnel". En 2017, une autre enquête avait révélé qu'un interne sur quatre avait déjà pensé au suicide et que des symptômes de dépression affectaient un tiers d'entre eux. Un état de santé dangereux pour les patients : les internes sont fatigués, ce qui affecte la qualité des soins. "4% d'entre eux ne peuvent se reposer entre deux gardes", a déclaré à l'AFP Lucie Garcin, la présidente de l'ISNAR-IMG.
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Toutefois, ce dépassement d’heures ne concerne pas les internes des cabinets libéraux : près de 85% respectent leurs horaires.
Cette étude a été présentée lors du 20e congrès national de l'ISNAR-IMG, qui a eu lieu les 15 et 16 février. Présente, Agnès Buzyn a estimé que "la qualité des soins passe par la qualité de vie au travail". La ministre des Solidarités et de la Santé n’a néanmoins pas proposé de mesures concrètes pour lutter contre le dépassement d’heures, selon le site spécialisé legeneraliste.fr. Son projet de loi sur la réforme du système de santé, qui devrait soulever le problème des conditions de travail des internes, sera présenté le 20 février en Conseil des ministres.