Benzodiazépines : un patient sur deux présente des risques d'effets indésirables
Les benzodiazépines sont des molécules très utilisées dans le traitement des troubles du sommeil ou de l'anxiété. Or, selon une étude de l'Inserm, près de la moitié des patients à qui l'on prescrit des benzodiazépines se trouvent dans une situation qui augmente le risque d'effets indésirables.
Environ 11,5 millions de Français ont consommé au moins une fois une benzodiazépine en France en 2012. Il s'agit de médicaments psychotropes qui agissent au niveau du cerveau et possèdent notamment des propriétés anxiolytiques et hypnotiques. La France est le deuxième consommateur européen de benzodiazépines, après le Portugal. Des médicaments trop souvent prescrits mais également mal prescrits.
Une étude, réalisée par l'Inserm, vient de mettre en évidence que près de la moitié des utilisateurs de ces molécules se trouvent dans une situation augmentant le risque de survenue d'effets indésirables. 40% d'entre eux prennent d'autres médicaments, notamment des opiacés antalgiques ou des antitussifs, qui ne font pas bon ménage avec les benzodiazépines. "Le problème c'est que l'on rajoute souvent dans les ordonnances d'autres molécules qui peuvent sédater les patients et comme c'est déjà la raison d'être des benzodiazépines, cela multiplie les risques. Les patients deviennent très sédatés donc ils ont des risques de mal respirer, voire de faire un coma", explique le Dr Lisa Blecha, addictologue à l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif (AP-HP).
Les benzodiazépines comportent en effet de nombreux effets indésirables, mentionnés dans les notices d'utilisation : ils peuvent entraîner des troubles de la vigilance, allant de la simple somnolence à la sédation profonde, avec notamment un risque accru de chutes chez les personnes âgées. Ces médicaments peuvent également conduire à la survenue d'une détresse respiratoire. Or selon l'Inserm, 11% des utilisateurs de benzodiazépines présentent au moment de la prescription une pathologie respiratoire, comme l'asthme ou une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), qui augmente le risque de survenue de ces effets indésirables. "Chez ces patients-là, les benzodiazépines vont ajouter à leurs difficultés. Certes, ils vont traiter l'anxiété, mais peut-être au prix de les rendre encore plus malades", estime le Dr Lisa Blecha.
Ce problème d'interactions est aggravé par la durée des traitements. Depuis 1991, la durée maximale de prescription des benzodiazépines est limitée à douze semaines pour les anxiolytiques et quatre semaines pour les hypnotiques. Mais en pratique, certains patients les utilisent en continu, pendant plusieurs années.