Maladies chroniques : les patients suivent mal leurs traitements
Prendre ses médicaments est un geste simple. Mais pour les malades souffrant d'une pathologie chronique, c'est bien plus difficile qu'il n'y paraît.
Si vous avez du mal à prendre votre traitement antibiotique à heure fixe pour soigner votre infection, ne serait-ce qu’une semaine… Sachez que vous n'êtes pas les seuls.
Une étude menée par le cabinet de santé IMS souligne que les Français ne suivent pas correctement les prescriptions de leurs médecins. Notamment ceux et celles qui souffrent de maladies chroniques comme le diabète, l'asthme ou l'hypertension artérielle. Les travaux se sont concentrés sur ces trois affections et les résultats sont sans appel : 90% à 41% des malades ne prennent pas leur traitement correctement. Particulièrement dans les mois qui suivent la découverte de la maladie. Avec le temps, les patients deviennent plus observants. Même si 72% des asthmatiques et 19% des hypertendus restent négligents.
Pour l'économiste Claude Le Pen, à l'origine de cette étude, les raisons sont multiples : "Certains traitements sont pénibles à prendre à cause du rythme, d'autres ont des effets secondaires, d'autres encore marquent psychologiquement les patients. Le traitement rappelle la maladie, on rentre dans un statut de personne malade, et donc ne pas le prendre, c'est un peu oublier qu'on est malade".
Asthme : les mauvais élèves
Si les prescriptions ne sont pas suivies scrupuleusement, les patients finissent parfois par être hospitalisés dans un service de réanimation ou aux urgences. Ce manque d'observance a un coût. Et il est élevé : neuf milliards d'euros d'après une autre étude de 2014 portant sur un plus grand nombre de pathologies.
Les patients qui souffrent d'asthme font partie des moins bons élèves. Ils ont pour habitude de faire face à leurs crises tout en délaissant leurs traitements de fond.
Autres enseignements de l'étude, les changements de traitement sont souvent suivis par des interruptions. Quant aux bons élèves, les patients les plus assidus, ils sont généralement les plus suivis. "On a mesuré une meilleure observance chez les patients qui voyaient souvent leur médecin, qui étaient fidèles à leur pharmacien… qui avaient apparemment de bonnes relations avec leur environnement médical. C'est donc la qualité de cette relation qui détermine l'observance. Et il faut tout faire pour améliorer cette qualité", précise Claude Le Pen.
D'après les auteurs de l'étude, un rappel par SMS ou une meilleure éducation thérapeutique pourrait également faciliter l'observance des traitements. Ils recommanderaient même pourquoi pas de mieux payer les médecins quand leurs patients respectent les prescriptions.