Automédication : la "liste noire" des médicaments à éviter selon 60 millions de consommateurs
Sur 62 médicaments passés au crible par le magazine, la majorité est jugée dangereuse, trop faiblement efficace, ou sans efficacité prouvée.
Selon une analyse menée pour le hors-série de novembre de 60 Millions de consommateurs par le pharmacologue Jean-Paul Giroud et la pharmacienne Hélène Berthelot, un tiers des 62 traitements d’automédication les plus vendus ne justifient pas que l’on sorte le porte-monnaie. Par souci de ne pas froisser le lecteur, les auteurs disent de certains de ces produits qu’ils "conviendr[ont] aux personnes recherchant des médicaments alternatifs, sans effets indésirables"… Néanmoins, le message reste clair : selon les pharmacologues, les bénéfices de ces produits sont purement spéculatifs – sauf pour ceux qui les commercialisent.
28 médicaments "à proscrire"
Les auteurs pointent du doigt 28 médicaments dont le rapport bénéfice/risque est "défavorable". "En bonne place de cette liste noire figurent des « stars anti-rhume »", commente la revue 60 millions de consommateurs. Parmi eux : Actifed® Rhume Jour & Nuit, Nurofen® Rhume, Rhinadvil® Rhume Ibuprofène/Pseudoéphédrine, Fluimicil®, Hexaspray®...
"Leur point commun : un cocktail de 2 à 3 composés actifs : un vasoconstricteur (nez bouché), un antihistaminique (nez qui coule) et du paracétamol ou de l’ibuprofène (mal de tête). Ces tout-en-un cumulent des risques de surdosage et d’effets indésirables gravissimes".
"Un bazooka à la disposition des malades"
La présence d’anesthésiques dans les traitements du mal de gorge sont dénoncés en raison de temps de contact trop court entre la substance active et les zones irritées. "En somme pour décongestionner un nez bouché, on met un bazooka à la disposition des malades", selon 60 millions de consommateurs. "Cette substance expose à des risques d'accidents cardio-vasculaires et d'AVC" explique le Pr Giroud. "Ils devraient êtrs retirés du marché" selui lui. Concernant les traitements contre les "états grippaux", les auteurs identifient de nombreuses substances "dont la présence n’est pas justifiée", impliquant que les patients sont exposés à risques inutiles.
Treize traitements utiles selon la revue
Seuls 21% des médicaments passés au crible par l'étude sont "à privilégier". C'est le cas de Vicks vaporub®, Imodiumcaps®, Gaviscon® menthe, Forlax® 10G ou encore Maalox® sans sucre. Mais ces rares traitements à disposer d’un rapport bénéfice/risque favorable selon les spécialistes ne sont pas exempts de critique. Certains sont jugés avoir un prix "élevé" ou "exagéré", tandis que beaucoup présentent de nombreuses contre-indications (antécédents de convulsion, grossesse, allaitement, enfants de moins de 12 ans, insuffisance rénale…). Il apparaît donc indispensable de toujours lire la notice, pour vérifier que le traitement en libre-accès est bien adapté à votre cas.
"Malheureusement, les spécialités accessibles sans ordonnance échappent souvent au radar de la pharmacovigilance", déplore la revue, invitant les utilisateurs à utiliser la plateforme de signalement national (signalement-sante.gouv.fr).
la rédaction d'Allodocteurs.fr
Dans ce hors-série, la revue de consommateurs note que "des médicaments spécialement conçus pour le marché de la vente libre sont proposés à des prix bien plus élevés que leurs équivalents remboursables sur prescription". Quand un médicament est déremboursé, son prix augmenterait "en moyenne de 43% et peut même s’envoler jusqu’à 300%" !