Risque de méningiome : deux nouveaux médicaments incriminés
L’Agence du médicament vient d’adresser une lettre aux professionnels de santé pour les informer de cas de méningiomes liés à deux traitements hormonaux : le Luteran et le Lutenyl.
Pour Noëlle, cela a commencé par des vertiges, des acouphènes et une perte d’audition. Le diagnostic a été posé rapidement. Elle souffre de plusieurs méningiomes, des tumeurs non cancéreuses qui se développent à partir des méninges, les membranes qui entourent le cerveau. Les spécialistes consultés ont tout de suite suspecté le traitement hormonal qu’elle prenait depuis 14 ans : le Luteran.
Dix-huit mois plus tard, en septembre dernier, Noëlle s’est sentie moins seule lorsqu’elle a entendu l’alerte de l’Agence du médicament sur des méningiomes provoqués par un autre traitement hormonal, l’Androcur. Elle a intégré un groupe de patientes concernées qui s’est très vite constitué sur Internet. Elles ont mené une première enquête éloquente sur le Luteran, et un proche cousin, le Lutenyl qui a permis d’identifier plusieurs patientes qui prenaient ces traitements et qui ont développé un méningiome.
Ces médicaments sont des progestatifs de synthèse majoritairement prescrits pour des troubles liés à la ménopause.
70 cas déclarés
L’ANSM lance une grande enquête à partir des données de l’Assurance Maladie sur les femmes qui prennent ces traitements. Sans attendre ces résultats, l’agence considère qu’il faut d’ores et déjà alerter sur les cas de méningiomes identifiés : « On a eu environ 50 cas déclarés dans les bases de données de pharmaco-vigilance avec le Lutenyl, une vingtaine avec le Luteran. Donc ces cas déclarés en pharmaco-vigilance constituent pour nous ce qu’on appelle « un signal », affirme Dr Isabelle Yoldjian, cheffe de pôle endocrinologie – gynécologie à l’ANSM. « Ce signal doit être porté à la connaissance évidemment des professionnels de santé et des patientes », poursuit-elle.
Les prescripteurs vont donc recevoir ces jours-ci un courrier d’information pour les rendre plus vigilants. Et les notices de ces deux traitements doivent désormais mentionner les méningiomes parmi leurs effets indésirables potentiels. Mais pour l’instant, les autorités sanitaires ne conseillent pas aux patientes de réaliser une IRM comme c’est le cas pour celles qui ont pris Androcur.