Déserts médicaux : une nouvelle proposition pour favoriser l'installation des médecins
Le dispositif d’aide à l’installation actuellement en vigueur n’arrive pas endiguer la progression des déserts médicaux. Pour encourager les nouvelles installations, l'Assurance-maladie souhaite réorienter l'aide financière en priorité vers les médecins nouveaux venus qui envisagent une installation dans les déserts médicaux plutôt que vers les praticiens déjà en exercice.
La progression des déserts médicaux devient de plus en plus préoccupante. En réaction, la Caisse d'Assurance maladie (CNAM) souhaite recentrer l’aide financière versée appelée "option démographique" vers les médecins en passe de s'installer plutôt que vers les praticiens déjà en exercice dans les déserts médicaux.
Une offre actuelle pas assez attractive
L'Assurance-maladie a constaté que l’aide financière sous sa forme actuelle appelée "option démographie" destinée à attirer les médecins dans les déserts médicaux ne remplissait pas son objectif et n’était de fait pas assez attractive. Ce sont en majorité les médecins déjà installés qui la perçoivent alors que les nouveaux venus ne sont que 39% à l'avoir touchée entre 2013 et 2014.
Les raisons évoquées pour expliquer ce faible taux sont une méconnaissance du dispositif, un versement de l'aide trop tardif par rapport à la date d'ouverture du cabinet, un montant aux deux tiers proportionnel à l'activité alors que les médecins nouvellement installés ont justement une activité moindre.
50.000 euros pour toute nouvelle installation
Ainsi, un forfait de 50.000 euros soit 5.000 euros de plus que la somme actuelle pourrait être versé en deux fois aux médecins qui s’engagent à s’installer, seuls ou dans "un mode d’exercice regroupé", et à exercer dans une zone sous dotée pendant trois ans. La moitié de la somme serait versée l’année de l’installation et l’autre l’année suivante. Des majorations pourraient également être accordées en cas de réalisation de vacations au sein des hôpitaux de proximité.
Cette proposition d'effort financier pour pallier le problème des déserts médicaux est présentée aujourd'hui dans un document, consulté mardi par l’AFP, aux syndicats de médecins lors d’une nouvelle séance de négociations pour la future convention.
Pour Christian Saout, secrétaire général du Collectif interassociatif sur la santé (Ciss) : "C’est un premier pas mais on attendait que les aides soient concentrées sur les primo-installants. En fait, le montant global des aides augmente sans qu’il y ait véritablement une stratégie offensive sur la primo-installation".
Favoriser le compagnonnage en zone rurale
Pour inciter les jeunes médecins à s’installer en zone rurale ou urbaine sous dotées, le Dr Patrick Romestaing vice président de l’Ordre des médecins interrogé sur le plateau du Magazine de la santé, propose un plus ample développement des stages pour les étudiants chez des praticiens expérimentés durant le cursus universitaire. Découvrir l’exercice libéral auprès d'un pair expérimenté serait, selon lui, plus incitatif que des mesures coercitives envers les jeunes médecins qui sont déjà plus de 20% à ne pas exercer à la fin de leurs études.
Pour favoriser ce compagnonnage, la CNAM propose en plus de "l’aide à l’installation" au jeune praticien, "une aide à l’activité" sous la forme du contrat de transition. Pendant trois ans, les soignants âgés de plus de 60 ans, souhaitant réduire leur activité avant de prendre leur retraite, pourraient toucher un dédommagement financier en accueillant un "associé nouvel installé" de moins de 50 ans. Un montant s’élevant à 10% de ses honoraires annuels pourrait lui être versé avec un plafond de 20.000 euros jusqu’à la fin du contrat.
Réguler les installations
Même si Christian Saout est en accord avec le Dr Romestaing sur l'importance de développer ces stages de compagnonnage, il relève que "des incitations financières à l'installation isolées seraient d'autant plus efficaces si elles étaient complétées par des mesures de régulation". Selon lui, "il faudrait en même temps décourager l’installation des médecins dans les zones où la densité des cabinets médicaux est déjà trop importante en décidant de ne plus les conventionner".