Obamacare : Trump face à l'échec du retrait
Le président américain, Donald Trump, a reconnu son échec devant sa réforme de retrait de l'assurance santé, "Obamacare", mise en place par son prédécesseur, Barack Obama.
Assis derrière le mythique "Resolute Desk", dans le Bureau ovale, Donald Trump a pris la parole, le 24 mars 2017, au soir pour un exercice auquel il n'a pas l'habitude de se plier : admettre un échec. La réforme de la santé, sa première proposition législative d'envergure qui devait marquer la rupture avec les années Obama, s'est fracassée sur un Congrès pourtant contrôlé par son parti. Signée en 2010, la loi dite "Obamacare" a étendu la couverture santé à des millions d'Américains, mais se heurte à des problèmes de financement.
Sur un ton qu'on ne lui connaissait pas, Donald Trump s'est cependant dit "déçu", "un peu surpris". "Nous sommes passés très près", a-t-il dit, comme si cela avait de l'importance. De manière surprenante, il s'est gardé de la moindre critique à l'encontre des élus républicains qui ne l'ont pas suivi, refusant de parler de trahison.
Le président américain s'est de nouveau tourné le 25 mars vers Twitter pour dénoncer la loi "Obamacare" de son prédécesseur démocrate Barack Obama, détestée des Républicains.
"Obamacare va exploser et nous nous rassemblerons tous et construirons ensemble une superbe loi de santé pour LE PEUPLE. Ne vous inquiétez pas !", a écrit Donald Trump, sans préciser de calendrier.
Un retrait qui affaiblit le président Trump
En attendant qu'une nouvelle loi sur l'assurance maladie soit finalement passée, "je vous le promets, le président Trump ne cessera jamais de se battre pour tenir les promesses faites aux Américains et nous rendrons à l'Amérique sa grandeur", a-t-il poursuivi, reprenant le grand slogan de la campagne (Make America great again).
Mais s'il tentait de faire bonne figure, Donald Trump apparaissait affaibli après le retrait de ce projet, malgré des négociations haletantes dans lesquelles il s'est personnellement impliqué sans parvenir à rallier un soutien suffisant dans ses propres rangs au Congrès. Un sérieux camouflet pour ce président arrivé au pouvoir sur la promesse d'employer ses qualités de négociateur, mises à l'oeuvre pour bâtir sa carrière d'homme d'affaires, à la Maison Blanche.
Une image d'ailleurs battue en brèche samedi par le Washington Post. "La prochaine fois que quelqu'un assure qu'un homme d'affaires gérerait mieux le pays qu'un politique expérimenté, souvenez-vous de cette dernière semaine", a taclé le quotidien dans son éditorial.
Un manque de professionnalisme ?
Ses tweets erratiques quotidiens placent chaque jour un peu plus son équipe, et plus largement le camp républicain, dans une position inconfortable, comme lorsqu'il accuse, sans le moindre élément tangible, Barack Obama de l'avoir placé sur écoute. Depuis qu'il est arrivé au pouvoir, Donald Trump a systématiquement désigné un autre coupable lorsqu'il était en difficulté : les médias (presque) tous malhonnêtes, les fonctionnaires qui organisent des fuites et les juges qui font preuve de partialité.
Elus et diplomates racontent en privé combien la président républicain a peu de goût pour les discussions sur le fond des dossiers, le détail de ses propositions. Sur la réforme de la santé, certains au sein de son équipe reconnaissent que s'il s'est préoccupé de "vendre" la nouvelle loi - qu'il avait cependant, par prudence, refusé de surnommer "Trumpcare" - il ne s'est jamais impliqué dans les débats, pourtant cruciaux, sur son contenu.
"Avec son échec sur la santé, il se retrouve en position instable", estime Julian Zelizer, professeur à l'université de Princeton, dans une tribune publiée sur CNN.com. "Le défi pour Trump est que, plus il avancera dans sa présidence, plus les électeurs qui l'ont soutenu verront ses points de vulnérabilité", conclut-il.