OMS : son action est-elle encore utile contre la pandémie ?
Variole, sida, SRAS, H1N1, Ebola... Depuis 1948, l’Organisation mondiale de la santé a dû faire face à de nombreuses épidémies. Mais depuis quelques mois, elle est vivement critiquée pour sa gestion de la crise du coronavirus.
- L'OMS a-t-elle les moyens d’action pour gérer la pandémie de Covid-19 ?
Les 192 Etats membres de l’OMS restent souverains. Mais ils doivent signaler les informations sanitaires importantes les concernant. L’agence des Nations unies a pour rôle principal d’émettre des recommandations sur les questions de santé publique dans le monde.
« Elle n’a pas les outils pour faire pression sur un Etat qui n’a pas envie de faire. On a eu l’exemple des Etats-Unis qui a refusé de réagir, et de faire des mesures d’existence du Covid dans le pays pendant quelques semaines. Il n’y a personne pour être capable de dire à un chef d’Etat vous n’en faites pas assez on va vous obliger à le faire » explique le Dr Yves Charpak, épidémiologiste et chercheur en santé publique.
- L’OMS a-t-elle manqué de réactivité ?
Alors que l’OMS a connaissance de l’épidémie en Chine en décembre, il faut attendre le 20 janvier pour que l’institution des Nations unies affirme que le virus se transmet entre humains et la mi-mars pour que son directeur déclare que “la flambée mondiale de covid-19 peut désormais être considérée comme une pandémie”.
« Sans doute y a-t-il eu un peu de cafouillage au démarrage. L'OMS n’a pas tout de suite été informée et n’a pas pris la mesure du fait que cette nouvelle maladie se répandait de personne à personne. On a sans doute perdu disons quoi 2 semaines 3 semaines pour ce qui est de la capacité de l’OMS à lancer sa première alarme » détaille le Dr Marie-Paule Kieny, virologue, directrice de recherche à l’INSERM.
- L’OMS a-t-elle encore les moyens financiers de jouer son rôle ?
Le président américain Donald Trump a pris une décision choc : retirer les Etats-Unis, le plus gros contributeur, de l’OMS. Une annonce tonitruante en pleine crise sanitaire alors que l’Organisation onusienne a déjà un budget limité.
« L’OMS c’est 10 000 personnes dans le monde, 10 000 salariés avec un budget qui est l’équivalent des hospices civils de Lyon pour la santé du monde entier. C’est pas avec ça qu’on résout absolument tous les problèmes du monde ! » ajoute le Dr Yves Charpak, épidémiologiste et chercheur en santé publique.