Fillon et Juppé : quels programmes santé ?
En prévision du second tour des primaires de la droite et du centre, dimanche prochain, Rudy Bancquart a décortiqué les programmes santé des deux finalistes, François Fillon et Alain Juppé.
Fillon : le choc libéral
Pour François Fillon, notre système de santé est au bord de la faillite. Pour le sauver, il veut donc mettre fin au trou de la Sécu et faire 20 milliards d’économie dans la santé. Il propose ainsi que l’Assurance maladie continue de rembourser les affections graves et de longue durée, mais que les assurances santé privées se concentrent sur le reste. En d’autres termes, votre consultation chez le généraliste sera à la charge de votre complémentaire. C’est d’une part une large place faite à l’assurance privée, un recul de l’esprit de la Sécurité sociale. La conséquence serait probablement une flambée des prix des cotisations des complémentaires santé.
Pour l’hôpital, sa mesure phare c’est le retour aux 39 heures, payées 35. François Fillon souhaite également fermer des petits hôpitaux. Il aimerait également accélérer le virage ambulatoire, avec une suppression de lits à la clé, en développant des hôtels hospitaliers.
Sur un aspect plus sociétal, François Fillon fait des promesses étonnantes qui figurent parmi ses 15 mesures phares. On peut lire « adoption plénière réservée aux couples hétérosexuels, limiter la PMA aux couples hétérosexuels infertiles et interdire la GPA ». Il retire donc aux homosexuels l’adoption plénière. Il est inutile de promettre de limiter la PMA aux couples hétérosexuels infertiles ni d’interdire la GPA puisque c’est déjà le cas. En fait il s’agit là d’un clin d œil à Sens Commun, le bras politique de la manif pour tous qui a désigné Fillon comme son candidat.
Juppé veut cajoler les médecins
Il place les médecins libéraux au cœur de son programme. Et pour les séduire il veut abroger le tiers payant, revaloriser les consultations en fonction de leur complexité. Rien de nouveau, puisque c’est déjà l’esprit de la dernière convention médicale qui a été signée en juin dernier entre l’Assurance maladie et les médecins.
Alain Juppé souhaite également réformer les études de médecine, avec une sélection sur dossier des étudiants admis en première année et une régionalisation du concours d’internat.
En tant que fils spirituel de Chirac, il souhaite lancer un troisième plan cancer, en misant tout sur la prévention. De 2% des dépenses de santé il faudrait la passer a 10% en 5 ans. Il veut lancer trois grands chantiers : la lutte contre les addictions, un autre consacré aux liens entre santé et environnement et un dernier consacré à la santé maternelle et la santé des plus jeunes.
Pour financer ces réformes, Alain Juppé mise d’abord sur la lutte contre la fraude en renforçant les contrôles et en réformant l’aide médicale d’Etat. Il appelle à une tolérance zéro pour les actes inutiles ou redondants. Enfin, il souhaite une meilleure négociation des prix élevés des médicaments innovants avec les laboratoires pharmaceutiques. Plus généralement, on sent que Juppé est très prudent dans ses propositions, sûrement parce qu’il sait que ses relations avec le monde médical sont encore fragiles et que tout le monde a encore en mémoire ses reformes de 95 de la Sécurité sociale et de l’Assurance maladie.