La rate, le cimetière des globules rouges… mais pas seulement !
La rate qui se dilate, la rate au court-bouillon, courir comme un dératé : vous connaissez sûrement ces expressions mais où se trouve exactement la rate ? À quoi peut-elle servir ? Peut-on vivre sans elle ? Quelles sont les conséquences d’une rate trop importante ?
Qu’est-ce que la rate ?
La rate est située profondément dans la cavité abdominale, au niveau du flanc gauche, collé aux côtes, sous le diaphragme. Elle mesure une dizaine de centimètres en moyenne et pèse environ 200 grammes. Très vascularisée, elle est traversée par l'artère et la veine spléniques. La rate est en permanence traversée par la totalité du sang de l'organisme, ce qui lui permet de jouer plusieurs rôles.
Au cours du développement du fœtus, elle participe à la fabrication des globules rouges et des plaquettes sanguines. Puis à l'âge adulte, son rôle devient plutôt celui d'une station d'épuration sanguine. Elle contient en effet des cellules qui filtrent le sang et séquestrent les vieux globules rouges et les plaquettes détériorées. On surnomme d'ailleurs la rate "le cimetière des globules rouges".
D'autres cellules forment ce que l'on appelle la pulpe blanche. Ce sont des cellules de défense, la rate étant un réservoir de globules blancs. Elle contient des lymphocytes et des macrophages. Ce sont les petits soldats de l'organisme. Ils repèrent les autres cellules anormales qui viennent du sang, fabriquent des anticorps et détruisent les bactéries. La rate est comme un super ganglion lymphatique qui va déverser les cellules de défenses directement dans la circulation sanguine. C’est donc un organe important, mais qui reste fragile.
Il peut en effet se rompre suite à un traumatisme (lors d'un accident, par exemple) et provoquer une hémorragie interne. Les médecins sont alors obligés de faire une ablation de la rate : une splénectomie. Cela peut également être nécessaire quand il y a une maladie du sang, une tumeur ou en cas de lymphome (le cancer des cellules lymphatiques qui touchent aussi bien les ganglions que la rate). La splénectomie devient alors un geste diagnostique et thérapeutique.
Vivre sans rate
On peut vivre sans rate mais en prenant des précautions. Car il y a un risque infectieux important. Cet organe débarrasse l'organisme de certains germes, notamment ceux qui sont protégés par une capsule, comme les pneumocoques ou les méningocoques. Il faut donc compenser l'absence du rôle immunitaire de la rate par une vaccination contre ces bactéries encapsulées, ainsi qu'une antibiothérapie durant au moins deux ans après la splénectomie.
Les personnes qui n'ont plus de rate doivent donc porter sur elles une carte qui les identifie, pour qu'elles soient mieux prises en charge en cas de problème de santé. Ce document doit aussi être porté par les personnes qui naissent sans rate (très rare mais possible), généralement suite à une anomalie génétique, ou victimes d'une atrophie de la rate.
Splénomégalie, la rate qui double de volume
En cas de splénomégalie, la rate peut doubler de volume. Cela peut se produire quand il y a une maladie sanguine, comme la thalassémie, ou une affection du métabolisme des lipides (cellules graisseuses). Autres causes possibles : les leucémies ou les lymphomes. La splénomégalie est donc le symptôme de plusieurs maux et nécessite par conséquent une surveillance médicale.