Alcool au volant : la preuve par les cheveux
L'analyse de cheveux est un moyen "simple" et "fiable" de vérifier si une personne consomme trop d'alcool ou, au contraire, a arrêté de boire, selon l'Académie nationale de pharmacie qui recommande d'y recourir avant de restituer un permis de conduire suspendu ou annulé.
Dans un communiqué diffusé ce 8 janvier, qui résume les conclusions d'un colloque organisé mi-novembre autour du thème de l'alcoolisme, l'Académie nationale de pharmacie propose de systématiser l'évaluation de la consommation d'alcool chez les personnes ayant eu leur permis de conduire suspendu ou annulé.
Selon cette instance, conseillère des pouvoirs publics, un test simple permettrait d'atteindre cet objectif.
Les cheveux "constituent un véritable calendrier rétrospectif de la consommation d'alcool", observe l'Académie. Sachant qu'ils poussent d'un centimètre par mois, leur analyse permet de retracer l'histoire de la consommation dans le temps.
En pratique, il s'agirait de prélever une mèche de 80 cheveux environ, de préférence à l'arrière du crâne, en coupant le plus près possible du cuir chevelu (d'autres types de poils peuvent être prélevés, si nécessaire, à l'exception des poils pubiens), puis de l'envoyer au laboratoire de toxicologie par courrier postal.
En cas de suspension de permis de trois mois, il suffit de prélever trois centimètres de cheveux pour prouver l'abstinence ou, à l'inverse, la consommation d'alcool durant cette période.
Ce test permet de détecter un marqueur direct, hautement spécifique et très sensible, de la consommation d'alcool (l'éthylglucuronide, ou EtG) qui reste stocké dans les cheveux même si l'alcool récemment consommé a été complètement éliminé de l'organisme. La présence de cet EtG, au delà de 30 picogrammes par milligramme de cheveu, témoigne d'une consommation excessive d'alcool (supérieure à 60 grammes par jour, soit 6 verres standards).
Un test très spécifique
Le test capillaire présente, entre autres, l'avantage d'être très spécifique de l'alcool, de présenter un risque de résultats faussement positifs théoriquement nul, et de ne pas être influencé par la prise de médicaments.
L'analyse des cheveux est le moyen le plus pertinent de tester le sevrage ou les habitudes réelles de consommation sur le long terme, écrit l'Académie. Elle "permet aux médecins contrôleurs de suivre l'évolution d'une addiction à l'alcool pour prévenir une récidive et orienter éventuellement la personne vers une thérapie appropriée."
L'instance préconise la pratique "systématique" de ces analyses lors des contrôles médicaux "avant toute restitution du permis de conduire aux personnes sanctionnées pour conduite en état d'ivresse." Ces contrôles permettraient d'éviter les récidives meurtrières du fait de conducteurs qui ont encore une "consommation abusive chronique", conclut-elle.
VOIR AUSSI :
- Irlande : permis d'ivresse au volant ? article du 31 janvier 2013
- Critiques sur l'interdiction de l'alcool au volant, article du 24 décembre 2012
- Des éthylotests anti-démarrages contre l'alcool au volant, article du 17 novembre 2011
- Contre les drames de la route liés à l'alcool : l'éthylotest anti-démarrage ? article du 19 avril 2011