Commissariat à l'énergie atomique : 70 ans de découvertes
En France, il est connu pour son rôle dans la défense nationale, a fait les gros titres quand se sont développées les centrales nucléaires, mais il a aussi accompagné de nombreuses avancées dans le domaine de la santé. Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) fête en octobre 2015 ses 70 ans. L'occasion de revenir sur les avancées scientifiques et médicales qui ont ponctué son histoire.
En 1945, les bombardements d'Hiroshima et Nagasaki révèlent au monde entier la toute puissance du nucléaire. Alors en France, au lendemain de la guerre, la question atomique devient une affaire d'état. C'est à ce moment-là qu'est créé le CEA, le Commissariat à l'énergie atomique. "C'était une volonté du général de Gaulle", raconte le Pr André Syrota, directeur des sciences du vivant au CEA, "il a vu tout l'intérêt au lendemain de la guerre de développer l'énergie nucléaire à la fois à des fins pacifiques et de se doter quand même d'une arme de dissuasion".
Une arme terrifiante, mais aussi une alliée. C'est en tout cas la certitude de Frédéric Joliot-Curie. Quand il prend la tête de l'institution en 1945, le prix Nobel de chimie tient aussi à développer des applications atomiques non militaires. Dès les années 50, Frédéric Joliot-Curie dote le CEA d'un service, puis d'un département de biologie. Les chercheurs y étudient les traceurs radioactifs et de découverte en découverte, la biologie accompagne l'essor de l'imagerie médicale. Dans les années 70 par exemple, est mise au point la TEP, la tomographie par émission de positons.
Explorer le corps pour mieux soigner. C'est aussi l'objectif du premier scanner à rayons X, développé par le Commissariat à l'énergie atomique en 1972. Mais l'essor de ces outils de diagnostic ne fait pas oublier que si les rayons peuvent aider à guérir, ils ne sont pas sans dangers. "Le CEA qui est un organisme dont la vocation est de regarder le nucléaire, a mis en place très rapidement des mesures de protection pour les travailleurs qui travaillaient sur le nucléaire", souligne Paul-Henri Romeo, directeur de l'institut de recherche en radiobiologie cellulaire et moléculaire du CEA, avant d'ajouter : "Le CEA a donc grandement participé au fait de donner la dosimétrie qui permet de savoir quelle est la dose absorbée et à partir de quelle dose il peut y avoir un effet pathologique ou pas".
Des préoccupations qui s'étendent rapidement aux patients, notamment ceux soignés par radiothérapie. Bénédicte Poumarède, responsable de la plateforme Doseo du CEA, explique le principe de la radiothérapie : "En radiothérapie, le principe est d'irradier une tumeur en essayant de préserver les tissus sains aux alentours de la tumeur. Cela passe donc par un très bon ciblage de la tumeur et par la délivrance d'une dose juste, suffisante et nécessaire. Un sous-dosage introduit une récidive de la tumeur alors qu'un surdosage détruit les tissus aux alentours de la tumeur. Il est donc très important de connaître avec précision la dose délivrée à la tumeur".
C'est l'objectif de Doseo, une toute nouvelle plateforme du CEA installée à Saclay. Les chercheurs y développent notamment un logiciel destiné à optimiser un accélérateur, un système d'imagerie pour mieux positionner le patient et irradier sa tumeur sans atteindre les tissus sains.
70 ans après sa création, le Commissariat à l'énergie atomique étudie donc encore les effets des rayonnements sur l'organisme. De la thérapie génique contre la maladie de Parkinson aux tests de diagnostic du virus Ebola, ces applications médicales continuent aujourd'hui de se diversifier.