Des coquillages au sang bleu pour guérir l'herpès
Des chercheurs australiens de l'Université de Sydney annoncent avoir découvert, dans le sang d'un coquillage de Tasmanie, une protéine susceptible de tuer le virus de l'herpès. La protéine en question et ses propriétés antivirales, en réalité déjà connues du monde de la recherche, constituent un véritable espoir pour les personnes infectées.
Les teintes bleutées de la chair de certains mollusques, tel l'élégant et envahissant Rapana venosa du Japon ou du succulent ormeau d'Océanie sont dues à la présence, dans leur sang, d'une protéine du nom d'hémocyanine. Riche en cuivre, elle remplit chez ces animaux le rôle de notre hémoglobine.
Or, selon des recherches menées en 2008 sur Rapana venosa par des biologistes bulgares, cette molécule d'hémocyanine aurait la capacité d'empêcher la multiplication du virus de l'herpès dans les cellules nerveuses (voir encadré). L'hémocyanine avait déjà été expérimentée pour le traitement de l'herpès oculaire par une équipe californienne en 1999.
Ormeaux d'Océanie
Alors que les recherches bulgares sur ce sujet semblent piétiner, une équipe australienne a annoncé fin août suivre la même piste, extrayant l'hémocyanine nécessaire à leurs expériences des ormeaux qui prolifèrent sur les côtes de Tasmanie (au sud de l'Australie)
Les propriétés curatives de l'ormeau auraient été découvertes "par accident" par les chercheurs, selon Adrian Cuthbertson, responsable d'une société de biotechnologies marines partenaire de l'université de Sydney.
"Il y a dix ans, nous avons participé à un essai de sérum de l'ormeau relatifs aux traitements du cancer. Pendant les essais cliniques où les patients buvaient une forme transformée de sang [de ce mollusque], une incidence beaucoup plus faible dans les poussées d'herpès labial a été rapportée", détaille-t-il dans un communiqué.
"Vers la même époque, nous avions un employé responsable [de la manipulation] des ormeaux [utilisés pour nos expériences]. Après un mois de travail avec les coquillages, il a constaté que des verrues présentes sur ses mains depuis des années avaient disparues. Cela nous a convaincu que les ormeaux devaient être étudiée pour leurs propriétés anti-virales."
Les scientifiques australiens espèrent parvenir à synthétiser artificiellement l'hémocyanine et à démontrer son inocuité, afin de créer à moyen terme une nouvelle classe de composés anti-viraux.
VOIR AUSSI :
Lorsqu'une infection par le virus de l'herpès simplex survient, celui-ci élit domicile dans les cellules nerveuses du corps, où il se terre entre deux poussées. Lorsqu'il sort de son sommeil, il remonte les voies nerveuses et produit cloques et ulcères sur la peau.