Affaires de bébés OGM : l’OMS crée un groupe d’études
Après l'annonce par un scientifique chinois de la naissance de deux jumelles génétiquement modifiées, l’OMS veut prévenir de futures dérives.
C’est une grande première : l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a annoncé lundi 3 décembre la mise en place d’un groupe de recherche sur la manipulation génétique. L’organisme de l’ONU réagit ainsi à l’annonce par le chercheur chinois He Jiankui de la naissance de deux jumelles dont l'ADN a été modifié pour les rendre résistantes au virus du sida. Leur père est en effet infecté par le VIH. Une telle manipulation "ne peut avoir lieu sans des directives claires", a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, le responsable de l'OMS.
"Répondre aux problèmes éthiques et de sécurité"
La communauté scientifique dans son ensemble a condamné cette expérience. Même Pékin a exigé la suspension des "activités scientifiques des personnes impliquées". "L'OMS réunit des experts et nous travaillons avec les Etats membres [...] pour discuter des critères et des directives pouvant répondre aux problèmes éthiques et de sécurité au sein de la société", a précisé Tedros Adhanom Ghebreyesus. Le directeur de l’OMS n’a donc pas directement ciblé l’action de He Jiankui.
Les membres du ce groupe devront, entre autres, "se poser cette simple question : « Devons-nous même aborder cela ? »", a souligné Tedros Adhanom Ghebreyesus. Les universitaires, les experts de l'OMS et les spécialistes médicaux gouvernementaux qui le composent ont devant eux une "feuille blanche", a-t-il précisé. Pendant son discours par ailleurs, il a publiquement refusé d'envisager que certaines manipulations génétiques puissent à l'avenir présenter des avantages en matière de santé publique. "Nous devons être très, très prudents. [...] Nous ne devons pas nous engager dans la manipulation génétique sans tenir compte des conséquences non voulues", a-t-il résumé.