Les biobanques, des bibliothèques de tissus humains
Avec plus de 80 biobanques, un véritable réseau s'est mis en place ces quinze dernières années. Le but de ces structures est de collecter et de conserver des échantillons biologiques de patients : ADN, cerveau, tissus. Ainsi, lorsque des scientifiques ont besoin de ce matériel pour leur recherche et enrichir les connaissances sur une pathologie précise, les biobanques spécialisées peuvent y répondre rapidement.
Certaines biobanques récoltent des échantillons sanguins tous les jours. Le but est d'extraire l'ADN du sang. Mais avant cette ultime étape, le prélèvement subit quelques traitements. Bien que les patients qui participent sont tous volontaires, leur don doit rester anonyme. "Le médecin prescripteur doit expliquer au patient le protocole de recherche. Le patient va alors accepter ou non de participer à ce protocole de recherche", explique Christelle Dussert, responsable technique de la banque ADN et cellules de l'ICM.
Après plusieurs minutes de centrifugation dans une machine, le sang est décomposé en trois éléments. L'ADN d'un patient atteint de la maladie de Parkinson est extrait à la demande des chercheurs. En attendant, l'échantillon se retrouve au milieu d'autres dans des congélateurs. Les échantillons sanguins conservés proviennent de plusieurs hôpitaux français mais aussi étrangers. Leur point commun : ils concernent des pathologies bien spécifiques.
Afin que les échantillons soient exploitables par les chercheurs, il faut en extraire l'ADN grâce à une machine. C'est aussi une des missions de la biobanque comme le confirme Sylvie Forlani, coordinatrice : "Les ADN sont redistribués aux chercheurs pour rechercher les causes génétiques des pathologies dont les patients sont atteints".
Il existe plus de 80 biobanques à la disposition des chercheurs de toute la France. Toutes ont leur spécialité. Dans certaines biobanques, on ne conserve pas des échantillons sanguins mais des échantillons de cerveau qui proviennent de dons de patients. "À partir du moment où le cerveau est prélevé, il est anonymisé. L'échantillon correspond à des zones spécifiques du cerveau et on précise comment il a été congelé", précise Marie-Claire Artaud-Botté, coordinatrice Neuro-ceb. Ces échantillons de cerveau sont destinés à la recherche pour la maladie d'Alzheimer, de Parkinson ou de la sclérose en plaques.
L'atout majeur des biobanques pour la recherche est de proposer une grande diversité d'échantillons fiables et de bonne qualité. "On s'est aperçu que le développement de projets internationaux comme dans le cas du cancer était bloqué par l'accès à des échantillons qui étaient souvent de qualité inappropriée. Donc le développement de conditions nécessaires pour obtenir des échantillons de bonne qualité voire de très bonne qualité pour la recherche est indispensable. Et c'est le rôle fondamental des biobanques et c'est le rôle fondamental des infrastructures qu'elles soient nationales ou européennes", précise Georges Dagher, directeur de l'infrastructure nationale des biobanques.
Aujourd'hui, le réseau de biobanques est devenu un acteur incontournable dans le monde de la recherche. Mais pour qu'il continue de jouer son rôle, il compte plus que jamais sur les dons d'échantillons biologiques des patients.