Après une tentative de suicide, il reçoit une greffe de visage ultra sophistiquée
Un Américain de 26 ans a bénéficié d’une greffe spectaculaire, rendue possible par un don et des techniques d’impression 3D.
"Il y a encore deux ans, je n’avais jamais entendu parler de transplantation de visage, je ne savais même pas que c’était possible" se souvient Cameron Underwood. Cet Américain de 26 ans a tenté de se suicider en 2016 en se tirant un coup de fusil dans le visage. S’il a été tiré s’affaires en cinq semaines, il a perdu son nez, la quasi-totalité de sa mâchoire inférieure, et il ne lui restait plus qu’une dent. Au printemps 2018, grâce à un donneur décédé et des techniques d’impression 3D, il a bénéficié d’une greffe de visage spectaculaire.
"Le délai le plus court entre une blessure et une opération de toute l’histoire américaine"
"C’est une seconde chance dans la vie", réalise Cameron. Comme l’explique l’hôpital où il a été soigné, le NYU Langone Health centre, "c’est le délai le plus court entre une blessure et une opération de toute l’histoire américaine". Tout est en effet allé très vite pour Cameron : peu de temps après son accident, sa mère apprend que le Pr Eduardo D. Rodriguez, qui travaille au NYU Langone Health centre, a déjà réussi deux greffes de visage. Sollicité, le chirurgien vient à la rencontre de Cameron et considère que le jeune homme réunit les conditions requises pour bénéficier d’une greffe. En juillet 2017, Cameron est inscrit sur liste d’attente. Cinq mois plus tard, il apprend qu’un donneur compatible a été trouvé. Ce jeune Américain, qui ne pouvait plus manger seul ni parler, n’y croyait plus. Depuis des semaines, pour éviter le regard des autres, il ne sortait jamais sans son masque.
25 heures d’opération
Entre temps, Cameron avait subi plusieurs opérations de chirurgie reconstructive, mais aucune ne lui avait permis de retrouver un visage "normal". Comme le révèle le Daily Mail, 100 personnes ont participé à la transplantation, pendant près de 25 heures. Pour la première fois par ailleurs, un masque conçu grâce à une imprimante 3D a été utilisé parallèlement au greffon. Les chirurgiens se sont aidés de "patrons" créés à l’aide de cette imprimante pour faire les incisions, aligner les os faciaux le mieux possible et positionner le nouveau visage de Cameron. "La plupart de la planification pré-opération et l’opération elle-même ont été guidées par une technologie de pointe", souligne l’hôpital.
Les explications de l'opération par le NYU Langone Health centre. Souce : NYU Langone Health centre.
L’opération a été un succès : Cameron a retrouvé une mâchoire, une langue, ses gencives, et 32 dents. Il a également reçu un nouveau plancher de bouche, de nouvelles paupières inférieures et un nouveau nez. "Les gens ne me voient plus comme un étranger", s’est réjouit le jeune homme lors d’une conférence de presse fin novembre.
La rapidité de cette opération n’aurait pas été possible sans le don de Will Fisher, jeune homme décédé à 23 ans et inscrit dans de registre des donneurs d’organes. "Will et sa famille m'ont rendu ce que j'avais perdu. C'était un sacrifice incroyable, je ne l'oublierai jamais" a déclaré Cameron. A ce jour, seule une quarantaine de greffes de visage ont été réalisées dans le monde.
La première greffe partielle a eu lieu en France en 2005. Les Pr Bernard Devauchelle et Sylvie Testelin du CHU d'Amiens, en collaboration avec le Pr Benoît Lengelé de l'Université catholique de Louvain et le Pr Jean-Michel Dubernard du CHU de Lyon, sont à l’origine de cette opération inédite. La patiente, Isabelle Dinoire, est depuis décédée.
La deuxième transplantation de la face est également française : elle a été réalisée par le Pr Laurent Lantieri, du CHU Henri-Mondor de Créteil. Ce même chirurgien a par ailleurs été le premier à greffer deux fois un visage au même patient, Jérôme Hamon. Cet homme, atteint d’une neurofibromatose, a été opéré une première fois en 2010, et une seconde fois en 2018 après un rejet.
Aujourd’hui, Cameron Underwood a repris goût à la vie. Il a même annoncé lors d’une conférence de presse, non sans malice, avoir tenté le saut en parachute : "Je peux au moins confirmer qu’une greffe de visage peut supporter un saut à 4.500 mètres du sol et que tout reste en place !"