Enquête de santé : ''La vérité sur les Urgences''
Créés au départ pour accueillir les urgences vitales, les services d'urgences répondent aujourd'hui dans 90% des cas à une demande de soins psychiatriques, d'urgences sociales, dentaires, gériatriques... Des patients qui attendent d'être pris en charge dans des conditions indignes, des soignants dépassés et désemparés devant l'ampleur de la tâche... Aujourd'hui, les services d'urgences français sont sous pression. Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes ont cherché à savoir pourquoi. ''La vérité sur les Urgences'', c'était un documentaire diffusé sur France 5, mardi 29 janvier 2013.
En 20 ans, le nombre d'admissions aux Urgences a plus que doublé, passant de 7 à 16 millions par an. Pendant six heures, douze heures, dix-huit heures – parfois plus –, ils patientent – et s'impatientent – dans des couloirs ouverts aux quatre vents. Hommes, femmes et enfants en souffrance, blessés, accidentés ou malades attendent, allongés sur des brancards, à peine couverts ou protégés des regards indiscrets. Le personnel soignant des services d'urgence tarde à les prendre en charge. Débordé, il gère comme il peut les quelques 150 patients – voire plus – qui se présentent chaque jour dans leur unité. Il pare au plus pressé, ne cachant rien des inéluctables drames – encore rares heureusement – qu'ils ne peuvent éviter.
Depuis 15 ans, les Urgences françaises sont dans un état de délabrement consternant. Elles manquent de tout : de personnel, de lits, de moyens financiers... Et elles ne parviennent plus à faire face à l'afflux de demandes.
Les raisons sont multiples : les médecins de ville qui ne veulent plus travailler la nuit et le week-end, la précarisation des patients qui préfèrent se rendre aux Urgences plutôt que chez leur médecin généraliste, le vieillissement de la population ainsi que le démantèlement des hôpitaux de proximité.
Faut-il désengorger les Urgences ?
Les services reçoivent tous les patients qui se présentent, c'est la règle… Mais ces patients qui pourraient être adressés à un généraliste font faire "du chiffre" aux hôpitaux. Un patient, c'est un acte. Et c'est au nombre d'actes que l'hôpital est rémunéré… Alors, plus les Urgences reçoivent, plus l'hôpital est gagnant.
Dans un rapport de 2007, la Cour des comptes note "un dispositif tarifaire qui incite au volume" et ajoute : "Ceci apparaît contradictoire avec l'objectif de développement de la permanence des soins et de désengorgement des services d'urgence."
Faut-il créer des filières rapides pour traiter la "bobologie" ?
Les maisons médicales de garde ont été créées en 2003 dans le but de désengorger les Urgences. Des maisons supposées prendre le relais des cabinets médicaux fermés le soir et les week-end… Mais elles restent méconnues et peu fréquentées, car elles ne prennent pas le tiers payant. Enfin, les maisons médicales de garde n'attirent pas non plus les médecins, dont les astreintes sont mal rémunérées.
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