Big Data contre fake news : pas de lien entre le vaccin ROR et l'autisme
Une vaste étude portant sur plus de 650 000 enfants montre une nouvelle fois que le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) n’est pas impliqué dans la survenue de troubles du spectre autistique.
Vaccin ROR et autisme ? Aucun lien ! Des chercheurs du Statens Serum Institut et de l’université de Copenhague au Danemark publient une étude dans les Annals of Internal Medicine le 5 mars 2019, qui prouve une nouvelle fois que le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) ne joue aucun rôle dans la survenue d’autisme.
Une démonstration importante puisque plus de 20 ans après l’affaire du faux papier scientifique qui a lancé l’idée d’un lien entre le vaccin ROR et l’autisme, la rumeur court toujours et continue d’instaurer le doute et la méfiance dans les esprits de cetains jeunes parents.
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Pas plus d’autisme, même chez les enfants à risque
Pour mener ces travaux, les chercheurs danois se sont appuyés sur une cohorte nationale. Ils ont ainsi réuni les données de 650 943 enfants nés au Danemark entre le 1er janvier 1999 et le 31 décembre 2010, suivis de l’âge de un an jusqu’au 31 août 2013. Pour tous ces enfants, les scientifiques ont croisé plusieurs informations : les vaccinations ROR, les diagnostics de troubles du spectre autistique (TSA), l’administration d’autres vaccins infantiles, les cas d’autisme chez les frères et sœurs et la présence de facteurs de risque de l’autisme identifiés dans d’autres études scientifiques (âge de la mère et du père, exposition in utero à la fumée de cigarette, méthode d’accouchement, naissance prématurée, ou encore petit poids de naissance par exemple). Pendant toute la durée de l’étude, 6 517 enfants ont reçu un diagnostic de troubles du spectre autistique.
Les chercheurs ont ensuite comparé le nombre de diagnostics d’autisme chez les enfants vaccinés et chez les non-vaccinés et n’ont observé aucune différence, et ce même plusieurs années après la vaccination. Plus précisément, ils n’ont constaté aucune augmentation du risque d’autisme après vaccination ROR (ni après aucun autre vaccin infantile), pas même dans les groupes d’enfants plus à risque, à savoir ceux qui présentaient des facteurs de risque d’autisme ou qui avaient des frères et sœurs atteints d’autisme.
Des arguments encore plus solides contre les "fake news"
Si de précédentes études avaient déjà montré l’absence de lien entre la vaccination ROR et la survenue d’autisme, celle-ci renforce la démonstration avec des arguments encore plus solides qu’auparavant. Sa force statistique est plus élevée : elle porte sur un plus grand nombre de sujets et sa période de suivi est plus longue que dans les travaux antérieurs.
Et à l’heure où la rougeole gagne du terrain – le nombre de cas de rougeole dans le monde a augmenté de 50% entre 2017 et 2018, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) – une nouvelle preuve solide de l’innocuité du vaccin ROR est la bienvenue. En effet, la crainte infondée de l’autisme constitue, pour les opposants à la vaccination, une raison de plus de la refuser. Mais "il serait faux de dire que les taux insuffisants de vaccination contre la rougeole sont uniquement dus aux arguments anti-vaccinaux tels que le risque d’autisme", nous expliquait récemment le professeur Philippe Sansonetti, médecin et chercheur en microbiologie à l’Institut Pasteur. "Il ne faut pas négliger le fait que certains parents minimisent la gravité de la rougeole et que certains médecins ne démystifient pas suffisamment les mensonges et les 'fake news' qui existent autour de la vaccination". La rougeole reste effectivement une maladie grave potentiellement mortelle et à risque de complications, dont l’incidence a diminué principalement grâce à la vaccination. Un arrêt du programme vaccinal entraînerait irrémédiablement sa résurgence.