Vaccination anti-Covid : où en est la France ?
Cible de nombreuses critiques concernant sa stratégie vaccinale, le gouvernement redéfinit ses objectifs de vaccination une semaine après le début de la campagne.
En France, la campagne de vaccination a commencé le 27 décembre. A ce jour, seules 516 personnes ont reçu une injection, dans des EHPAD de Sevran, Paris, Lyon, Lille, Tours ou Nice.
A l’origine, la phase 1 de la stratégie vaccinale de la France prévoyait de vacciner les personnels à risque et les résidents des EHPAD en janvier, soit un million de personnes. Le ministre de la Santé a aussi annoncé le 2 janvier l’ouverture de la vaccination aux soignants de plus de 50 ans ou présentant des risques de forme grave de Covid.
Or, pour atteindre cet objectif avant le 31 janvier, il faudra vacciner 33 316 personnes par jour à partir du 4 janvier selon le site Covidtracker. Le gouvernement a donc repoussé le délai prévu à l’origine à la fin du mois de février. La deuxième phase, qui concerne les plus de 65 ans et les personnes à risque, a donc elle aussi été décalée. Les 15 millions de personnes concernées devraient recevoir leurs injections « à l’horizon de cet été », selon le gouvernement.
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Logistique et nombre limité de doses
L’Union Européenne a précommandé plus d’1,3 milliard de vaccins, à redistribuer ensuite à chaque pays qui la compose selon sa population. Le 2 décembre, le Premier ministre Jean Castex a annoncé que la France recevrait 200 millions de doses de vaccins. Cette quantité aurait dû suffire à vacciner 100 millions de personnes, donc largement assez pour les 67 millions de Français.
Mais ces doses ont été commandées à différents laboratoires et ces derniers n’ont pas terminé leurs essais cliniques au même moment. Pour le moment, Pfizer est le seul à avoir reçu une autorisation de l’UE. Ce laboratoire doit fournir 300 millions de doses, à partager entre tous les pays de l’UE. Les autres vaccins n’ont pas encore été autorisés, ni par l’UE ni par les autorités françaises.
500 000 doses doivent être livrées en France d’ici la fin de la semaine, ainsi que les deux semaines suivantes. D’ici juillet, 67,9 millions des doses précommandées devraient être disponibles. Ce qui devrait permettre de vacciner 27 millions de personnes, selon le ministère de la Santé.
Trop de précautions envers les antivax
« Le gouvernement a pris conscience que le démarrage de la campagne de vaccination était un échec », explique Alex Kahn, président de la Ligue contre le Cancer, sur France Inter. D’après le généticien, « terrorisé par l’idée qu’il y aurait des oppositions brutales, le gouvernement semblait y aller à reculons », ce qui a augmenté la méfiance envers le vaccin. « On est passé de 55% à 40% de personnes qui voulaient se faire vacciner », précise le scientifique.
Elisabeth Bouvet, invitée elle aussi sur France Inter, partage ce point de vue : « le gouvernement a été tétanisé par les antivax », explique cette infectiologue et présidente de la Commission technique du Haut Conseil de la Santé Publique. Toutefois, la solution selon ces deux spécialistes serait de se concentrer davantage sur les aspects positifs de cette vaccination, comme son efficacité.