Vaccins : Pinterest en guerre contre les fake news
Devant la recrudescence des théories complotistes sur Internet, le réseau social a décidé de bloquer tous les contenus contenant le mot-clé "vaccin".
Facebook, Twitter ou Instagram vont-ils prendre exemple sur Pinterest ? Le réseau social prisé par les amateurs de décoration a pris la décision, le 20 février, de bannir de sa plateforme tout contenu affilié de près ou de loin à des propos sur les vaccins. En cause : le nombre effrayant de contenus "antivax" et complotistes, facteur de recrudescence de maladies graves qu’on croyait éradiquées. "Nous voulons que Pinterest reste inspirant, et il n’y a rien d’inspirant à propager de la désinformation" a déclaré un porte-parole du groupe à la chaîne américaine CNBC, qui a révélé l’information.
Le mot "vaccin" ne renvoie plus à aucun résultat de recherche
Les Etats-Unis connaissent actuellement une flambée de rougeole. Entre septembre 2018 et janvier 2019, les autorités de santé de l'État de New York ont recensé près de 170 cas de rougeole, dont 55 cas confirmés dans la communauté juive orthodoxe du quartier de Brooklyn. C’est l'épidémie de rougeole la plus importante depuis l'élimination de la maladie dans le pays, dans les années 1990. Sur ces 170 cas, plus de huit personnes sur dix n’étaient pas vaccinées. Au total, jusqu'au 1er décembre 2018, les Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (l’agence fédérale américaine de santé publique) ont signalé 292 cas confirmés de rougeole dans 26 États.
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L’épidémie est favorisée par le partage massif de fake news sur Internet. Parmi elles : les vaccins provoqueraient l’autisme, la sclérose en plaques, des troubles du développement chez l’enfant… Des affirmations sans aucune base scientifique. Aussi, pour endiguer cette tendance, Pinterest a-t-il annoncé que le mot "vaccin" ne renverrait plus à aucun résultat de recherche sur sa plateforme, qu’on en parle en bien ou en mal. L’entreprise affirme avoir pris cette décision fin 2018, après avoir remarqué que la majorité des images partagées sur le réseau cautionnaient des théories "antivax".
Sécuriser le moteur de recherche pour lutter contre les fake news
Après le premier article de CNBC sur le sujet néanmoins, les journalistes de la chaîne ont remarqué que les requêtes "vaccine harm" et "vaccine danger" (littéralement, le "mal causé par les vaccins" et les "dangers du vaccin") renvoyaient toujours vers des contenus de désinformation sur Pinterest. Le réseau social a réagi en affirmant qu’il allait mieux sécuriser son moteur de recherche. L'entreprise a toutefois précisé qu’il était difficile de bloquer tous les contenus litigieux, et que cette stratégie était temporaire. Pinterest travaille actuellement avec des experts de santé et des analystes pour élaborer un nouveau plan de bataille.
Les contenus vaccino-sceptiques ne sont pas les seules sources de désinformation que Pinterest essaie de combattre. Depuis 2017, l’entreprise bloque notamment des contenus faisant la promotion de faux traitements contre le cancer, comme les huiles essentielles.
Même si le nombre d'utilisateurs de Pinterest est bien en-deça des scores de Twitter ou d'Instagram, sa décision pourrait bien inspirer ses concurrents. Facebook, par exemple, a récemment déclaré vouloir changer sa politique en matière de contenus sur la santé – en particulier concernant les vaccins.
Une tendance similaire en France
Les théories "antivax" connaissent un succès tout aussi inquiétant en France. Des pétitions en ligne réussisent à recueillir des centaines de milliers de signatures auprès de personnes aux profils variés. "Avant, les anti-vaccins venaient plutôt de milieux favorisés. Mais on constate aujourd’hui une évolution, un inversement de la situation", nous expliquait en mai dernier la docteure en géopolitique Lucie Guimier, experte de l’idéologie anti-vaccinale. "Ce ne sont pas forcément les gens les plus cultivés qui se méfient des vaccins. Certains vivent dans une grande précarité, et utilisent les réseaux sociaux, ce qui favorise la montée du complotisme. C’est une population qui va écouter ce qu’on lui dit sur Snapchat ou Facebook."