Jusqu'à quel degré de parenté parle-t-on d'inceste ?
Enfant, j'ai été abusée par mon beau-père, peut-on parler d'inceste ? À partir de quel lien de parenté ne parle-t-on plus d'inceste ?
Les réponses avec le Dr Muriel Salmona, psychiatre-psychotraumatologue, et avec Isabelle Aubry, présidente de l'Association internationale des victimes d'inceste :
"Tout dépend si on parle juridiquement ou dans le vécu. On considère en effet qu'avoir été abusée par son beau-père, c'est de l'inceste. L'inceste n'est pas défini juridiquement, c'est le problème en France. Il n'est pas reconnu spécifiquement. L'inceste n'est pas dans le code pénal."
"Dans le code pénal, elle concerne les "personnes ayant autorité". Ce n'est pas forcément des personnes de la famille. C'est la raison pour laquelle on se bat pour qu'il y ait une reconnaissance de la spécificité des situations incestueuses.
"Pour la victime, on met un mot et un nom sur cette réalité. Et dans la réalité, les conséquences de l'impact ne sont pas les mêmes. Cela fait partie des impacts les plus graves."
"Avant d'être un crime physique, c'est-à-dire attouchements ou pénétrations, le crime d'inceste est un crime de lien, c'est-à-dire qu'on rompt la confiance qu'un enfant donne à quelqu'un de proche et ce lien est définitivement perdu. Il est difficile de se construire après un inceste. On n'a plus de racine, on n'a plus de famille alors qu'on doit vivre toute sa vie avec sa famille, on ne peut pas la changer. C'est ce qui est spécifique à l'inceste et qui n'est pas inscrit dans le code pénal."