Violences conjugales : quelle prise en charge pour les enfants ?
Un rapport rendu public ce 7 septembre appelle à mieux reconnaître et prendre en charge les enfants victimes collatérales de violences conjugales.
Si elles ne sont pas toujours fatales, les violences conjugales peuvent avoir d'importantes répercussions sur la santé, le comportement et le développement des enfants, sans compter les risques de reproduction, une fois adultes, des violences dont ils ont été témoins dans leur jeune âge.
Un rapport signé d'experts et d’élus réunis par l'Observatoire régional des violences faites aux femmes (Centre Hubertine Auclert) recommande de reconnaître en droit pénal le statut de victime de l'enfant exposé aux violences conjugales, même s'il n'est pas directement ciblé. Il préconise aussi d'améliorer les dispositifs de mise en sécurité des femmes victimes de violences et de leurs enfants: accès facilité à l'hébergement d'urgence, meilleure application de la législation sur l'éviction du conjoint violent du domicile.
Le rapport conseille de développer dans le milieu associatif des dispositifs spécialisés d'accompagnement des enfants pour les aider à se reconstruire, par exemple grâce à des ateliers ou groupes de parole, et d'améliorer leur accès aux soins psycho-traumatiques.
Pour les enfants qui ont été témoins du meurtre de l'un de leurs parents par l'autre parent, il propose de généraliser le dispositif "féminicide" expérimenté en Seine-Saint-Denis: la prise en charge socio-médicale commence par une hospitalisation de trois jours de l'enfant, au cours de laquelle ses traumatismes sont évalués.
"D'après plusieurs études, entre 40% et 60% des conjoints violents sont aussi des pères violents", signale le groupe de travail. Dans les situations où les enfants ne sont pas directement ciblés par l'auteur des violences, "des études montrent que ces pères exerçant des violences sur leur partenaire sont peu impliqués et peu empathiques vis-à-vis de leurs enfants".
Le rapport propose de mieux appliquer la législation permettant de retirer, totalement ou en partie, l'autorité parentale au parent violent condamné pour un crime ou délit sur l'autre parent.
Un total de 157 personnes (123 femmes et 34 hommes) sont mortes, victimes de leur conjoint, petit ami, compagne, amant ou ex en 2016, selon le ministère de l'Intérieur.
avec AFP
En France, 143.000 enfants vivent dans un foyer où une femme a déclaré des violences physiques ou sexuelles au sein de son couple, rappelle le groupe de travail composés d’experts et d’élus, réuni par l'Observatoire régional des violences faites aux femmes (chiffres Insee). Selon d’autre travaux, si l'on tient compte des violences non déclarées (y compris verbales et psychologiques), 4 millions d'enfants seraient concernés.
En 2016, 25 décès d'enfants dans le cadre de violences conjugales ont été recensés par le ministère de l'Intérieur, dont neuf ont été tués par leur père en même temps que leur mère.
Les conséquences des violences conjugales sur les enfants ont un coût pour la société estimé à 422 millions d'euros (chiffres Insee), notamment en raison des coûts d'accueil et accompagnement par l'aide sociale à l'enfance.