Qu'est-ce que l'hospitalisation à domicile ou HAD ?
L'HAD ou hospitalisation à domicile est une manière d’éviter un séjour à l’hôpital ou de le raccourcir. Il convient à beaucoup de patients mais a du mal à décoller. De quoi s’agit-il exactement et comment cela fonctionne t-il ?
L'hospitalisation à domicile (HAD) est une forme d’hospitalisation à part entière. Elle s'adresse aux malades qui ont besoin de soins aussi lourds et complexes que ceux qui sont dispensés dans un hôpital classique. La différence, c’est qu’ils restent chez eux. Ce n'est évidemment pas possible pour tout ce qui est chirurgie ou réanimation. Par contre, c’est envisageable pour quasiment tout le reste : infections, soins palliatifs, chimiothérapie, rééducation ou encore suivi d’une grossesse à risque. Il faut bien comprendre que ça n’a rien à voir avec des soins infirmiers à domicile ou un système de garde-malade.
C’est l’hôpital qui se déplace à la maison avec les mêmes exigences de permanence des soins : un médecin ou des soins infirmiers à domicile qui peuvent intervenir 24h/24 et une équipe pluridisciplinaire qui se relaie au chevet du patient : kinés, psy, diététiciennes. L'HAD est soumise aux mêmes règles que tous les hôpitaux et ce n'est pas parce que vous êtes dans votre chambre, que les soins sont au rabais. Ce sont les mêmes procédures, le même matériel et les mêmes médicaments qu’à l’hôpital.
A quel type de patients s’adresse l'HAD ?
Contrairement à ce qu’on peut croire parfois, l’HAD n’est pas réservée aux personnes âgées. Par exemple elle prend en charge des bébés prématurés ou des enfants atteints de cancers. Une autre idée reçue tenace est qu'on est obligé de passer par une hospitalisation classique avant une HAD. C’est faux !
L'HAD peut être envisagée d’emblée et prescrite directement par votre médecin traitant si c’est adapté. Dans tous les cas, on vous demande toujours votre avis. Le problème, c’est que la majorité des patients n’en n’ont jamais entendu parler donc ils peuvent être réticents et il y a encore pas mal de médecins de ville qui ne la connaissent pas bien donc ça n’aide pas. Il faut dire que pendant les études de médecine, il n’y a quasiment pas un mot sur l’HAD. Cette méconnaissance explique en grande partie pourquoi elle n’est pas très développée en France. Il y a 15.000 patients/jour hospitalisés à domicile, ça représente à peine 1% des hospitalisations. Depuis 5 ans, ça progresse mais on est encore loin des objectifs fixés par le gouvernement.
Plusieurs avantages pour les patients
C’est souvent plus confortable d’être soigné à la maison. Il y a des enquêtes qui ont été faites par exemple sur des malades qui sont en chimiothérapie à domicile et elles montrent que l’HAD a un impact positif sur leur moral. On évite de nombreux déplacements, donc ça veut dire moins de fatigue. Ça permet aussi d’échapper aux désagréments de l’hôpital : univers parfois anxiogène, dîner à 18h, ou plus grave, les infections nosocomiales. Ça joue aussi sur la qualité des soins. Si vous avez été amputé et que vous faites votre rééducation chez vous, adaptée à la configuration de votre logement, vos meubles, c’est plus efficace…
L'HAD permet à la Sécu de faire des économies
Une journée en HAD, coûte en moyenne 200€ à la Sécurité sociale alors que si vous êtes à l’hôpital, c’est autour de 800€, 4 fois plus !
C’est logique, quand on soigne un patient chez lui, il n’y a pas de bloc opératoire ou de plateau technique à rentabiliser. Il n’y a pas le coût du foncier. Beaucoup moins de frais de structure également, pas de frais de repas, de linge... Par contre pour le malade, ça ne change rien : le remboursement se fait exactement aux mêmes conditions que pour une hospitalisation classique (80% sécu). Très souvent à 100% car la majorité des patients en HAD sont en ALD.
Existence d'une contrepartie
L'HAD peut se résumer en un mot "aidant". Quand vous êtes en HAD, les proches sont très sollicités, c’est la maladie qui s’installe chez vous, et dans certains cas, comme les soins palliatifs, ça peut être très lourd. Il faut préciser qu’avant de mettre en place une HAD, il y a toujours une visite d’évaluation au domicile du patient et si on considère que les aidants ne sont pas suffisamment en forme ou disponibles, l’HAD est refusée. Mais souvent ça n’est qu’au bout de quelques jours que les proches s’épuisent. Or une HAD dure en moyenne 25 jours parfois jusqu’à 3 mois. Il n’y a aucune solution spécifique de répit pour les proches, ce sont les mêmes que pour tous les aidants, c’est-à-dire bien maigres.
Encourager l'hospitalisation à domicile
Des obstacles plus insidieux sont liés à son mode de financement. Depuis la mise en place de la T2A (tarification à l’activité) certains patients sont plus rentables que d’autres pour l’hôpital et donc on a tendance à vouloir les garder. Ex : la chimiothérapie. Quand elle est faite en hôpital de jour, c’est intéressant financièrement. Résultat : les chimios ne représentent que 2% des HAD alors que c’est l’exemple type du traitement qui gagnerait à être fait à la maison. A l’inverse, un hôpital qui a un patient en fin de vie peut être tenté de le passer en HAD, mais accompagner un patient vers la mort pendant des semaines, ça n’est pas très rentable. Dans le même temps, les tarifs de la HAD n’ont pas été revalorisés depuis des années. Cela fait 20 ans qu’on promet une réforme du financement, mais pour l’instant rien n'a été fait, à part quelques rustines. Ça vaut peut-être le coup d’accélérer un peu, ce n'est pas si courant les solutions à la fois plus économiques pour la Sécu et plus "confortables" pour les patients.