Astrazeneca : "Suspendre le vaccin, c'est contre-productif" selon un spécialiste
Un seul cas de thrombose a été détecté en France sur près d’1,4 million de personnes vaccinées avec AstraZeneca. Le Pr François Chast, pharmacien hospitalier, défend l’efficacité du vaccin.
« 100% des morts n’ont pas été vaccinés, 100% des vaccinés ne sont pas morts. » C'est avec ces mots que le Pr François Chast, pharmacien hospitalier, défend l'efficacité du vaccin AstraZeneca après la suspension de ses injections le 15 mars.
Aucun lien n’est établi pour le moment entre l’injection du vaccin et la trentaine de cas de thromboses répertoriés en Europe. Pour le spécialiste, « c’est une confusion entre simultanéité et causalité. Suspendre le vaccin, c’est hors de proportion, hors de propos, c’est contre-productif », tempête-t-il.
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Des patients exposés inutilement à la maladie
Le Pr Chast se montre particulièrement choqué par la décision du président de la République.
« Chaque jour qui passe est un jour perdu pour toutes les personnes qui ne sont pas vaccinées », s’insurge-t-il. « On expose des dizaines de patients à la maladie, et il y aura encore 10 000 morts ce mois-ci ! »
A ce jour, des dizaines de millions de personnes ont reçu le vaccin Astrazeneca à travers le monde. Pour François Chast, « ce vaccin est hyper efficace, on a divisé par 4 le nombre de cas en Californie, et même par 10 en Israël. Les chiffres deviennent très significatifs. On observe même une diminution de 100% de l’hospitalisation chez les vaccinés, ce n’est pas du tout habituel ! »
La balance bénéfices-risques
Tous ces questionnements relèvent de l’étude de la balance bénéfices-risques. Cette balance permet de déterminer si les effets bénéfiques d’un médicament demeurent plus importants que ses effets négatifs.
« En pharmacologie, on est confronté en permanence à la balance bénéfices-risque », explique le Pr Chast. « Dès qu’on absorbe une substance qui a un effet thérapeutique, il existe un risque » L’objectif est de maintenir le risque le plus bas possible.
Des risques avec la pilule ...
Puisque la balance bénéfices-risques existe pour tous les médicaments, le Pr Chast ne comprend pas les réticences des pays qui ont suspendu le vaccin.
« Ces craintes de thromboses devraient conduire à l’arrêt de la contraception orale », avance le pharmacien. « On sait aujourd’hui qu’elle comporte un risque de thrombose, surtout les pilules de troisième génération. Puisqu’elle est toujours prescrite, le bénéfice que les femmes tirent de la contraception est beaucoup plus important que le risque. »
... et avec le paracétamol
De même avec le paracétamol : cette molécule ne cause pas de thromboses, mais elle peut entraîner de très graves lésions du foie en cas de surdosage.
« Sur les 800 greffes de foie chaque année, 50 sont liées à une intoxication par le paracétamol », rappelle le Pr Chast. « Ce médicament est pourtant en vente libre, et très largement répandu en automédication. Le paracétamol tue, il y a de nombreux morts chaque année en France. »
Les vaccins, des produits très sûrs
En comparaison, le risque lié aux vaccins est minime selon ce spécialiste. « Les vaccins, par définition, c’est une ou deux fois par an maximum. Ce n’est pas un traitement chronique qui risque de s’accumuler. On peut assister à un effet indésirable dans la semaine qui suit, mais il existe très peu de risque trois mois après par exemple », explique-t-il.
Ce spécialiste tient à rappeler que « depuis 200 ans, il n’y a pas eu d’attitude médicale plus efficace que la vaccination. C’est ce qu’on a fait de mieux pour faire reculer les maladies. Quand Boris Johnson n’aura plus un cas de Covid au Royaume-Uni, il pourra mettre en avant AstraZeneca. »