Sécheresse vaginale : quelles solutions ?

On parle de sécheresse vaginale lors d’une baisse ou d’un arrêt de la lubrification du vagin. Causes, conséquences, traitements… La Dre Odile Bagot, gynécologue, nous en dit plus sur la sécheresse intime.

Dre Odile Bagot
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Sécheresse vaginale : quelles solutions ?
Sécheresse vaginale : quelles solutions ?  —  Le Mag de la Santé - France 5

Longtemps restée taboue, la sécheresse vaginale est aujourd’hui de plus en plus étudiée et de mieux en mieux connue. De nombreuses interrogations subsistent toutefois autour de ce désagrément qui peut être handicapant dans la vie intime. La Docteure Odile Bagot, gynécologue-obstétricienne, se charge d’y répondre.

Qu’est-ce que la sécheresse vaginale ?

Pour mieux comprendre les mécanismes de la sécheresse vaginale, encore faut-il bien la définir. On parle d’ailleurs communément de sécheresse vaginale, mais il vaudrait mieux parler de sécheresse vulvo-vaginale. En effet, c’est surtout au niveau de la vulve et en particulier du vestibule, à l’entrée du vagin, que se fera ressentir cette sécheresse.   

En règle générale, le vagin reste humide grâce à trois mécanismes bien distincts. Tout d’abord, la paroi du vagin “transsude” durant le cycle. Traduction : elle transpire un liquide essentiellement composé de molécules d’eau et de divers sucres, comme le glycogène. Ces sucres vont ensuite nourrir les lactobacilles qui composent le microbiote vaginal. Comme leur nom l’indique, ces lactobacilles vont produire un liquide : l’acide lactique.   

Ces 3 éléments (transsudation, lactobacilles et acide lactique) vont créer les pertes blanches physiologiques liquides et non-irritantes reconnaissables à leur odeur aigrelette. Lors de l’ovulation, et à condition de ne pas être sous pilule contraceptive, cette humidité augmente considérablement.

Entre 10 et 14 jours après le début des règles, apparaît la glaire ovulatoire. Il s’agit de pertes glissantes et transparentes comme un blanc d’oeuf, qui témoignent de la période fertile. La vulve produit également sa propre hydratation, grâce à des glandes, dont les plus importantes sont les glandes de Bartholin, qui permettent de lubrifier la vulve.  

La ménopause est-elle liée à une sécheresse vaginale ?

À la ménopause, la production d’œstrogènes, une hormone sécrétée par les ovaires, chute. La muqueuse est alors plus fine, atrophique, plus sèche et sécrète moins de lactobacilles et d’acide lactique, ce qui aggrave la sensation de sécheresse. Pour limiter ce phénomène, il existe une solution naturelle surprenante : conserver une activité sexuelle régulière. Plus on se sert de son vagin, plus il sera en forme ! 

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Les mycoses sont-elles la conséquence d’une sécheresse vaginale ?

C’est peu probable. Une sécheresse vulvo-vaginale ne se manifeste pas par des démangeaisons, mais plutôt par un inconfort ou une douleur lors de la pénétration. Une mycose chronique va produire des démangeaisons, à traiter sur le long terme. Pour expliquer ces démangeaisons, il faut plutôt chercher du côté de certaines pathologies dermatologiques. Le lichen scléreux vulvaire, par exemple, est assez fréquent et peut causer des démangeaisons chroniques. Le psoriasis ou l’eczéma peuvent également favoriser les démangeaisons si vous portez des protège-slips, par exemple.  

Quelles solutions contre la sécheresse vaginale ?

Pour faire face à la sécheresse vaginale, que penser des lubrifiants vendus en pharmacie ? Ils sont très utiles en appoint au moment des rapports et permettent aux préliminaires d’être plus agréables, d’augmenter l’excitation et, par conséquent, la lubrification naturelle. Mais pour une sécheresse vulvo-vaginale chronique, il est préférable de traiter directement la cause. 

S’il s’agit d’une sécheresse liée au manque d’œstrogènes de la ménopause, un traitement hormonal substitutif permettra d’assurer un apport convenable en hormones. Des crèmes à appliquer directement au niveau du vagin ou des ovules existent également. S’il s’agit d’un problème de déséquilibre de la flore vaginale, un apport en probiotique est nécessaire. 

En cas de contre-indication aux oestrogènes, par exemple causée par un cancer du sein hormonodépendant, deux solutions se présentent : utiliser un gel hydratant à base d’acide hyaluronique ou traiter au laser endovaginal la sécheresse vaginale. Attention, cette dernière méthode est onéreuse et non-remboursée par la Sécurité Sociale. 

Comment parler de sécheresse vaginale à sa ou son partenaire ?

Si ces douleurs sont apparues avec la ménopause, expliquez simplement que la lubrification est plus lente et moins abondante, vous pouvez utiliser un lubrifiant. Si c’est une question de libido ou d’excitation et que vous ne parvenez pas à en parler, n’hésitez pas à vous faire aider par un professionnel de santé formé en sexologie !