Ils dénoncent les "thérapies de conversion" à la manière du film Three Billboards
En Chine, un artiste et un policier dénoncent les traitements censés "guérir" les orientations des homosexuels à l'aide de camions équipés de panneaux.
Dans le film Three Billboards, sorti en 2018, l’actrice Frances McDormand joue une mère de famille en deuil, qui tente d’obtenir la vérité sur le viol et l’assassinat de sa fille en placardant trois panneaux géants aux abords de sa ville pour interpeller – et accuser – la police. C’est cette méthode qu’emploient l'artiste chinois Wu Qiong et le policier M. Lin, seulement connu par son nom de famille. Depuis quelques jours, à l’aide de camions équipés de panneaux, ils diffusent dans le rues de Shanghai les messages "Un traitement contre une maladie qui n'existe pas", "La classification chinoise des désordres mentaux inclut toujours les désordres d'orientation sexuelle" et "Cela fait 19 ans, pourquoi ?".
Des traitements à base de médicaments, d'isolement ou d'électrochocs
Pékin a en effet dépénalisé l'homosexualité en 1997 et l’a retirée de sa liste des maladies mentales en 2001, mais les personnes LGBTQ+ font toujours l'objet d'une très forte pression familiale et sociale. Nombre d’entre elles se résignent même au mariage pour répondre au désir de petits-enfants de leurs parents. Parfois, elles sont encouragées à subir des traitements de "réorientation" sexuelle à base de médicaments, d'isolement ou d'électrochocs.
Les "thérapies de conversion" de tous types ont été pratiquées à travers le monde depuis le début du XXe siècle. Désormais qualifiée par la communauté médicale de "charlatanisme dangereux" et de "dinguerie", cette industrie lucrative résiste cependant dans des pays comme Singapour, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Les Etats de Californie et du New-Jersey ont néanmoins respectivement interdit ces thérapies en 2012 et 2013.
Bientôt une opération à Pékin
En s’inspirant de Three Billboards, Wu Qiong entend attirer l'attention de ses compatriotes sur l’existence de ces thérapies inhumaines et décriées par la science. "Ce film visait à soulever des problèmes non résolus. On voulait également utiliser cette méthode pour émettre des doutes quant à ces thérapies de conversion", explique-t-il.
L'opération doit se poursuivre dans sept villes chinoises, dont Pékin. A noter qu’il est extrêmement rare de voir fleurir ce genre de campagnes en Chine. Les manifestations et interpellations, quasi-systématiquement soupçonnées de "troubler l'ordre de public", sont très peu tolérées. Toutefois, Wu Qiong assure qu'il n'a pour le moment rencontré aucune opposition.