Infections à Chlamydia : bientôt un vaccin ?
Des scientifiques canadiens ont mis au point un prototype de vaccin pour lutter contre la bactérie chlamydia. Les résultats chez la souris sont très encourageants.
La bactérie Chlamydia trachomatis est particulièrement redoutable. Alors qu’elle est à l’origine d’une des infections sexuellement transmissibles (IST) les plus courantes, elle ne donne souvent aucun symptôme. Cependant, si elle n’est pas traitée par antibiotiques, elle peut laisser de graves séquelles. Les risques de complications, nombreux, concernent surtout les femmes. L’IST peut entraîner des salpingites, des grossesses extra-utérines et des atteintes du nouveau-né si la mère est infectée. Dans les pays industrialisés, l'infection à chlamydia trachomatis est la principale cause d’infertilité.
Les chercheurs travaillent depuis plus de 30 ans au développement d’un vaccin. L’existence de plusieurs souches de la bactérie rend leur tâche ardue. Les résultats d’une étude canadienne, publiés dans la revue médicale Vaccine, marquent cependant un pas important vers la mise au point d’un vaccin.
Des infections moins sévères et moins transmissibles
Développé sous forme de spray nasal et testé chez la souris, le vaccin expérimental semble réduire la durée et la sévérité de l'infection pour les souris infectées par la chlamydia et réduire le risque de transmission.
Le médicament de l’équipe de l’université de McMaster, en Ontario, renferme trois protéines constitutives de la membrane des bactéries Chlamydia, considérées comme importantes pour permettre aux bactéries d'infecter les cellules.
Pour leur essai, les scientifiques ont inoculé la bactérie à deux groupes de souris : un groupe qui avait reçu le vaccin candidat, et un autre qui avait reçu un placebo (groupe témoin).
Les résultats semblent montrer que le vaccin :
- entraîne une production d’anticorps anti-chlamydia et donc une immunisation efficace,
- réduit le risque de complications : l'immunisation, dans le groupe vacciné, a réduit le taux de hydrosalpinx (complication de salpingite) de 87,5% par rapport au groupe de souris témoins,
- réduit le risque de transmission : les souris vaccinées ont produit et libéré beaucoup moins (- 95%) de bactéries que les souris non vaccinées, ce qui fait chuter drastiquement la possibilité de contamination.
Les recherches doivent se poursuivre
Les auteurs estiment que "l’ensemble des résultats suggèrent que ce vaccin est un bon candidat contre la bactérie chlamydia". Un des scientifiques participant à la recherche, le Pr James Mahony, a décrit les résultats comme "très prometteurs". Il a ajouté que le vaccin devait maintenant être testé sur d'autres espèces animales, avant de l'être sur l’homme.
Les chercheurs espèrent que le vaccin sera aussi efficace pour les infections de chlamydia qui touchent les yeux, une cause régulière de cécité dans les pays en développement.