Plus de troubles de l'érection chez les consommateurs de films X ?
Le porno est accusé de provoquer des troubles sexuels. Une étude montrant un lien entre la consommation de porno et un trouble de l'érection a été présentée au congrès de l'Association américaine d'urologie de 2017.
Si les sexologues constataient parfois en consultation un lien entre le X et une dysfonction érectile, les études retrouvaient surtout une association avec la masturbation compulsive ou une altération du désir (les hommes préférant l'excitation du X à la vie de couple réelle). Il est également prouvé que le porno sur Internet fait courir le risque d'addiction. Le lien avec le trouble de l'érection est moins clair.
Des études contradictoires
Une étude[1] portant sur des Américains faisant partie des Forces armées, avait observé qu'il avait plus que doublé entre 2004 et 2013. Son incidence passait de 6 pour 1.000 personnes en 2004 à 13 pour 1.000 en 2014. Si ce trouble a longtemps été attribué à des facteurs psychologiques, comme le stress ou l'angoisse de performance, il coïncide également avec un usage croissant de pornographie sur Internet.
Une revue scientifique[2] avait pointé son rôle dans le développement d'un trouble de l'érection, notamment chez les hommes de moins de 40 ans. Cependant, toutes les études ne retrouvent pas ce lien ; l'une[3] d'entre elles l'avait observé uniquement chez des hommes dont les valeurs personnelles étaient en contradiction avec celles véhiculées par le X. Les auteurs expliquaient que la honte provoquée par la visualisation de ce type de films était la cause de la dysfonction érectile.
Une corrélation entre le X et le trouble de l'érection
Pour chercher une corrélation entre les deux, le Dr Christman et son équipe ont fait remplir une étude anonyme incluant des questions sur la fonction sexuelle, les préférences sexuelles, la consommation de pornographie. 314 hommes âgés de 20 à 40 ans ont donc répondu à un questionnaire, tout comme 48 femmes. 81% des hommes et 38% des femmes avaient regardé au moins une fois de la pornographie (essentiellement sur un ordinateur ou téléphone, parfois sur un livre) ; pour la majorité d'entre eux, le visionnage avait duré moins de quinze minutes. 27% des hommes présentaient un trouble de l'érection, selon la définition de l'Index International de la fonction érectile ; 52% des femmes présentaient un trouble sexuel, comme défini par l'Index de la fonction sexuelle féminine.
En regardant de plus près la fréquence des troubles sexuels selon la consommation de films X, les chercheurs s'aperçurent qu'elle chutait à 22% chez les hommes préférant les rapports sexuels sans regarder de la pornographie. Elle passait à 31% chez ceux qui préféraient les rapports en en regardant, et à 79% chez ceux privilégiant la masturbation devant du X. Ces constats étaient cohérents dans tous les domaines du questionnaire évaluant la fonction sexuelle : orgasme, libido, satisfaction de rapport, satisfaction globale. Chez les femmes, la corrélation entre troubles sexuels et X n'était pas significative.
Pour Matthew Christman, urologue à San Diego, les médecins prenant en charge des patients pour un trouble de l'érection devraient systématiquement les interroger sur leur consommation de X. En effet, les patients traités dans sa clinique qui avaient pu réduire leur consommation de porno avaient vu leurs troubles sexuels s'amender. De quoi inciter professionnels de santé et patients à prendre en charge un trouble de l'érection induit par la pornographie…
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[1] Erectile dysfunction among male active component service members, U.S. Armed Forces, 2004-2013. Armed forces health surveillance center. MSMR. 2014 Sep;21(9):13-6.
[2]Is Internet Pornography Causing Sexual Dysfunctions? A Review with Clinical Reports. Park. Lane SD, ed. Behavioral Sciences. 2016;6(3):17. doi:10.3390/bs6030017
[3] Viewing Sexual Stimuli Associated with Greater Sexual Responsiveness, Not Erectile Dysfunction. Sexual Medicine, Prause, Sex Med. 11 mars 2015. DOI: 10.1002/sm2.58
Comment le X agit-il sur le cerveau ?
L'hypothèse avancée par les chercheurs est que le X stimule le système de la récompense dans le cerveau, un système impliqué dans le plaisir et dans les addictions, et qui passe par la production de dopamine, l'hormone du plaisir. La sensibilité du système aux signaux du X serait augmentée tandis que celle aux stimuli normaux serait diminuée (faire l'amour avec sa partenaire par exemple).
En d'autres termes, le X provoquerait un "shoot" de dopamine, là où la sexualité classique n'entraîne qu'une faible production de dopamine. Un peu l'équivalent d'un moelleux au chocolat et d'un yaourt…