Tout savoir sur les antibiotiques en 5 questions
Les antibiotiques font partie de la trousse à pharmacie des Français. Mais ils restent encore trop consommés. Mieux les connaitre, c'est mieux les utiliser. Faites le point sur vos connaissance en 5 questions.
La France reste le 4e pays européen le plus consommateur d'antibiotiques, en dépit d'une amélioration. Un problème majeur dans un contexte d'antibiorésistance grandissante et responsable de décès et de coût financier.
À quoi sert un antibiotique ?
Un antibiotique est prescrit en cas de maladies bactériennes. Il empêche la multiplication des bactéries (on parle d'antibiotique bactériostatique) ou il tue les bactéries (c'est alors un antibiotique bactéricide).
Les antibiotiques sont prescrits en cas de cystite, de pneumonie bactérienne, d'angine bactérienne, etc.
Un antibiotique peut être à spectre étroit, c’est-à-dire actif sur un nombre limité de bactéries. Ou il est dit à spectre large, actif contre de nombreux germes : ils sont particulièrement utiles lorsque la bactérie à l'origine de l'infection n'est pas identifiée ou s'il y a plusieurs bactéries en cause.
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Comment est prescrit un antibiotique ?
Le plus souvent, dans les infections les plus courantes, le médecin prescrit l'antibiotique de façon empirique : statistiquement, on sait lesquels ont le plus de chances d'être efficaces.
Mais dans certains cas, un antibiogramme se révèle indispensable. Il sert alors à identifier précisément la bactérie et surtout les antibiotiques auxquelles elle est sensible. Il est fait quand l'antibiotique prescrit initialement ne fonctionne pas, chez un patient immuno-déprimé ou atteint d'une infection nosocomiale, en cas d'infections récidivantes, graves ou associées à un taux de résistance élevé.
Le prélèvement varie en fonction de l'infection et de sa localisation, par exemple une analyse d'urine appelée ECBU en cas de cystite, ou une prise de sang, une ponction lombaire, etc.
Comment fonctionne un antibiotique ?
Il existe des centaines d'antibiotiques, réparties dans plusieurs familles, comme les pénicillines, les macrolides ou les céphalosporines.
Chaque famille d'antibiotique est efficace sur une famille de bactéries très précise du fait de modes de fonctionnement ciblés.
Certains perturbent la synthèse de la paroi qui entoure la bactérie ou de la membrane qui entoure le cytoplasme, un des composants de la cellule. D'autres empêchent la synthèse de protéines essentielles au fonctionnement de la bactérie ou d'acides nucléiques qui composent le matériel génétique de la bactérie, l'ADN.
Quels sont les effets indésirables et les risques d'un antibiotique ?
Certains antibiotiques ont peu d'effets secondaires mais ils peuvent entraîner des troubles digestifs car ils perturbent le microbiote intestinal, l'ensemble des micro-organismes présents dans notre tube digestif. Ils perturbent aussi les flores buccales et vaginales et peuvent donc aussi entraîner des candidoses dans la bouche et des mycoses vaginales. Le médecin prescrit habituellement des probiotiques pour compenser les effets sur les différentes flores.
Il est par ailleurs recommandé de ne pas s'exposer au soleil avec les familles des cyclines et des quinolones du fait de réactions de photosensibilisations. Enfin, des tendinites et des réactions allergiques sont possibles avec certains antibiotiques.
Depuis la découverte de la pénicilline au début du 20e siècle, les antibiotiques ont sauvé des millions de vie et ont prolongé l'espérance de vie des êtres humains. Mais le mésusage et la surconsommation ont conduit à l'apparition d'antibiorésistance. Les bactéries réussissent à développer des stratégies pour résister à l'antibiotique et continuer à se développer. C'est ce que l'on appelle la résistance acquise.
Comment lutter contre l'antibiorésistance ?
L'antibiorésistance serait responsable de plus de 5.500 décès en France chaque année et d'1,3 million dans le monde. Le coût des soins dépasserait les 100.000 milliards de dollars dans le monde.
Tout le monde a un rôle à jouer pour diminuer l'antibiorésistance, les médecins en les prescrivant moins et les patents en n'insistant pas pour en obtenir et en ne pratiquant pas l'automédication avec les boîtes d'antibiotiques qui restent dans la boite à pharmacie.
Après le slogan mémorable "Les antibiotiques, c'est pas automatique", l'Assurance maladie communique désormais sur le thème de "Bien se soigner, c'est d'abord bien les utiliser". Des spots qui rappellent que les antibiotiques sont inutiles en cas de bronchite virale ou de gastro-entérite par exemple...
Dernière chose à savoir : il est fondamental de suivre le traitement jusqu'au bout, même si les symptômes s'améliorent ! C'est l'unique condition qui assure l'élimination de toutes les bactéries. Quand le traitement est interrompu plus tôt, il reste dans le corps les bactéries qui sont moins sensibles à l'antibiotique ; elles continuent à se développer et le patient devient porteur de bactéries antibiorésistantes. À l'échelle collective, ce phénomène contribue donc à l'antibiorésistance.