Tramadol et codéine : bientôt une ordonnance "infalsifiable"
Les autorités sanitaires ont annoncé de nouvelles mesures pour limiter les risques liés à ces médicaments opioïdes à haut risque de dépendance.
La lutte contre les abus liés aux médicaments opioïdes se poursuit en France. À compter du 1er décembre 2024, le tramadol et la codéine, deux médicaments qui font l’objet d’usages abusifs, devront désormais être prescrits grâce à une ordonnance "sécurisée", annonce ce jeudi 26 septembre l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Quels sont les effets du tramadol et de la codéine ?
Le tramadol est le principal traitement de la famille des opioïdes. Ces derniers sont généralement utilisés comme antidouleurs, mais présentent un risque élevé de dépendance avec d'importants risques pour la santé. La codéine est aussi un médicament opioïde utilisé pour soulager la toux et la douleur légère ou modérée, qui peut créer une dépendance lorsqu'elle est utilisée à fortes doses et sur une longue durée.
Jusqu’ici, ces médicaments ne pouvaient être délivrés que sur la présentation d’une ordonnance. "Ce sont de très bons médicaments pour soulager la douleur, mais compte tenu des risques potentiels qu'ils présentent, il est important de renforcer leur bon usage", a résumé à l'AFP Philippe Vella, directeur médical à l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Qu'est-ce qu'une "ordonnance sécurisée" ?
Pour réduire les risques d'abus, les médicaments contenant du tramadol ou de la codéine, seuls ou en association à d'autres substances (paracétamol, ibuprofène...) seront dispensés uniquement sur présentation d'une ordonnance sécurisée à partir du 1er décembre, a annoncé l'ANSM jeudi.
Ce type d'ordonnance doit remplir des critères visant à la rendre infalsifiable : mention d'informations obligatoires pré-imprimées en bleu permettant d'identifier le prescripteur, apparition d'un filigrane représentant un caducée, présence de carrés en micro-lettres, grammage minimum fixé à 77 g/m2… Le dosage, la posologie et la durée du traitement devront être rédigés en toutes lettres.
Certains types de médicaments sont déjà soumis à ce type d'ordonnances : des opioïdes (comme la morphine), des psychotropes (certains antidépresseurs et antipsychotiques) ou stupéfiants.
"En 2022, sur environ 2 600 ordonnances falsifiées, 457 concernaient le tramadol, 416 la codéine pour ses spécialités antitussives et 293 pour des indications contre la douleur", a précisé à l'AFP Philippe Vella. Les prescriptions établies avant le 1er décembre demeureront valables jusqu'à leur terme.
Des opioïdes utilisés comme sédatifs
Autre mesure annoncée : la durée maximale de prescription de la codéine sera réduite à 12 semaines à compter du 1er décembre. Au-delà, une nouvelle ordonnance sera nécessaire. L'agence du médicament tente déjà depuis des années de contrôler les risques autour de ces médicaments qui ont notamment provoqué une crise sanitaire massive aux Etats-Unis. Ils y ont été prescrits et consommés de manière largement incontrôlée, en particulier le fentanyl.
En France, la situation est sans commune mesure, mais nombre de professionnels de santé s'inquiètent d'une augmentation des cas d'usage détourné de ces opioïdes, notamment utilisés comme sédatifs.