Ablation du larynx : la voix en moins
En France, une personne sur 3.000 a subi une laryngectomie. Cette ablation est le principal traitement du cancer du larynx. Comment se passe l'intervention ? Comment faire pour parler quand les cordes vocales ne sont plus là ?
Qu'est-ce que le larynx ?
Une voix enrouée qui persiste, une gorge douloureuse... Le cancer du larynx touche près de 3.000 personnes chaque année en France, majoritairement des hommes.
Le larynx est un conduit formé d'un os, l'os hyoïde et de plusieurs anneaux cartilagineux. Le plus important est le cartilage thyroïde qui forme le relief de la pomme d'Adam. Il est situé dans la gorge, au carrefour des voies aériennes et digestives, entre le pharynx, la trachée, et l'oesophage. Une voie conduit l'air aux poumons, une autre conduit les aliments à l'estomac.
Cet organe participe à la déglutition puisqu'il est doté d'une sorte de clapet : un cartilage en forme de feuille, l'épiglotte. Quand on avale, l'épiglotte bascule et ferme le larynx. Les aliments sont obligés de passer dans l'oesophage, ce qui protège les voies respiratoires. Au repos ou durant l'inspiration, l'épiglotte revient à sa place, le larynx se trouve alors en position ouverte, l'air peut passer vers la trachée et les poumons.
Le larynx joue aussi un rôle dans la phonation puisqu'il abrite les cordes vocales. Lorsque l'on respire, les plis restent ouverts afin de laisser passer l'air et quand on parle, ils se rapprochent. Un son est émis, il est par la suite amplifié et modulé au niveau de la cavité buccale et nasale.
Le cancer du larynx peut naître dans n'importe quelle partie du larynx. Dans deux tiers des cas, il est situé à hauteur des cordes vocales.
Le traitement par radiothérapie
La plupart du temps, pour traiter les patients, on a recours à la radiothérapie. La radiothérapie est un traitement ciblé spécialement adapté à chaque patient. Ce traitement permet de conserver un larynx fonctionnel, au contraire de la laryngectomie.
Lors des séances, un masque thermoformé spécialement conçu pour le patient permet de bloquer la tête et le cou. Le patient ne peut ainsi pas bouger au cours du traitement. Plusieurs tirs sont nécessaires. À chaque tir, un angle est choisi. Les lames de la machine modulent l'intensité de la dose reçue par la tumeur et les tissus voisins.
Laryngectomie : une intervention lourde et impressionnante
Dans certains cas trop avancés, le seul traitement possible est une ablation du larynx. C'est ce qu'on appelle une laryngectomie totale. Une opération lourde et mutilante puisque le patient perd sa voix.
Après l'ablation du larynx, la trachée n'est pas raccordée à la bouche mais au bas de la gorge. Pour cela, le chirurgien suture les rebords de la trachée à la peau pour former le trachéostome (ou la stomie), un petit trou par lequel le patient va désormais respirer. Comme le trachéostome est directement ouvert vers l'extérieur, il a besoin d'être protégé par un voile, pour éviter les irritations et les infections pulmonaires.
Pour retrouver un semblant de parole, le chirurgien peut être amené à poser un implant phonatoire en silicone muni d'une soupape. Cette soupape va permettre à l'air de passer de la trachée vers l'œsophage mais elle empêchera les aliments de passer de l'œsophage vers la trachée.
La voix de l'oesophage
L'inconvénient majeur de la laryngectomie reste la perte de la voix, puisqu'en retirant le larynx le patient perd ses cordes vocales.
La plupart du temps, pour recommencer à parler, les patients apprennent une technique d'apprentissage dite “voix oesophagienne” : des sons sont obtenus en faisant vibrer l'oesophage.
Cette technique demande plusieurs mois de rééducation mais permet aux patients de récupérer, en plus de la parole, une vie sociale.