Cerveau et usage de drogues : la dépendance en héritage ?
Des études récemment menées ont permis d'en savoir un peu plus sur le phénomène de l'addiction, liée à la consommation de certaines drogues. Bien que multifactorielle, cette maladie aurait une composante héréditaire.
Il est depuis longtemps connu que le cerveau d'une personne dépendante aux drogues présente des différences avec le cerveau d'une personne normale. Les zones cérébrales touchées sont, entre autres, celles impliquées dans la motivation, la récompense et le self-control. Mais les chercheurs, jusqu'à aujourd'hui, n'avaient pu déterminer si ces différences de structure cérébrale étaient la cause ou la conséquence de la consommation de drogues.
Une structure cérébrale particulière
Des travaux récents de scientifiques de l'université de Cambridge au Royaume-Uni, permettent d'apporter des éléments de réponse : il y aurait un caractère biologique héréditaire à l'addiction. Pour le démonter, une expérience a été menée auprès de cinquante "couples" de frères et sœurs (dont l'un est dépendant à la cocaïne ou aux amphétamines, l'autre sain) et un groupe témoin, composé de volontaires sans aucun lien avec la consommation de drogues.
Les réflexes et le self-control de tous les participants ont été testés. Toutes les paires de frères et sœurs ont eu de plus mauvais résultats que les volontaires sains. De plus, la réalisation d'un scanner dans tous les groupes de participants a mis en évidence l'existence de mauvaises interconnexions dans la partie frontostriatale des cerveaux du groupe des fratries, impliquée dans le circuit de la récompense, et leur absence dans le groupe témoin.
Hérédité, pas fatalité
Statistiquement, l'enfant d'un usager de drogues présente un risque huit fois plus élevé de développer une dépendance, comparativement à un enfant de parents sains. Cette réalité est le résultat de plusieurs facteurs : environnement familial et social, composante héréditaire, etc. Certains sujets, qui présentent de nombreux facteurs de risques, ne suivent malgré tout pas la voie de l'addiction : d'autres facteurs, comme l'expérience de vie, entrent évidemment en jeu.
En savoir plus
- Science
- "Primed for Addiction?", Elizabeth Norton, 2 février 2012.