Chiropractie : des erreurs de manipulations ?
Des doutes quant aux effets de la chiropractie sur la santé ont été exprimés dans une étude britannique, publiée dans The New Zealand Medical Journal et révélée par le Figaro.fr. Les risques seraient sous-estimés dans les rapports médicaux. En France, cette pratique est moins répandue que l'ostéopathie, mais tout aussi bien encadrée.
L'équipe de recherche a étudié les données de 60 essais cliniques réalisés de janvier 2000 à juillet 2011. Selon le Pr. Edzard Ernst, vingt-neuf des rapports rédigés n'ont pas mentionné les effets indésirables de la chiropractie. Pour lui, la publication de résultats ne montrant pas les effets secondaires provoqués par une pratique médicale est contraire à l'éthique.
Dans son étude, le Pr. Ernst rappelle que des rapports publiés aux Etats-Unis ont montré que certains mouvements de rotation, principalement au niveau du cou, pourraient étirer une artère qui longe la colonne vertébrale. Ceci pouvant avoir comme conséquence le déchirement de cette artère et entraîner potentiellement un accident vasculaire cérébral.
La chiropractie est une médecine manuelle qui a pour objet des manipulations précises de la colonne vertébrale et des articulations. Elle est utilisée pour traiter le mal de dos, les torticolis ou les névralgies. Elle est caractérisée par des mouvements forcés des articulations d'une extrême précision et très spécifiques. Cette pratique a la réputation d'être "brutale" car un très petit nombre de manipulations provoque un craquement des articulations.
On compare souvent la chiropractie et l'ostéopathie, mais ces deux techniques n'agissent pas sur les mêmes symptômes. La chiropractie est utilisée pour traiter des douleurs articulaires, plus précisément autour de la colonne vertébrale, on parle "d'ajustement vertébral". L'ostéopathie quant à elle, a une action sur les douleurs fonctionnelles, qui ne sont pas une conséquence de l'atteinte d'un organe.
Les techniques chiropratiques sont reconnues en France depuis 2002. Elles restent moins rependues que l'ostéopathie, principalement à cause des conditions d'obtention du diplôme. Le nombre de chiropraticiens est soumis à un numerus clausus qui le limite à 500 praticiens nouvellement diplômés par an.
Les risques de ce type de médecine, décrits dans l'étude du Dr Ersnt, sont principalement liés à une mauvaise prise en charge des patients. Selon le Dr Dominique Bonneau, spécialiste en médecine physique et de réadaptation fonctionnelle, l'examen médical du patient est indispensable pour connaître les éventuels risques liés à la chiropractie ou à l'ostéopathie, et ainsi adapter les manipulations à chacun. "Les manipulations sont les mêmes selon les patients, mais chaque patient est différent", précise-t-il. "C'est la médecine du patient", c'est pour cela qu'il n'y a pas une médecine manuelle unique.
Source : "Reporting of adverse effects in randomised clinical trials of chiropractic manipulations: a systematic review", The New Zealand Medical Journal, 20 avril 2012, Vol 125 No 1353.
En savoir plus
- Legifrance.fr
- Décret n° 2011-32 du 7 janvier 2011 relatif aux actes et aux conditions d'exercice de la chiropraxie.
- Décret n° 2011-1127 du 20 septembre 2011 relatif à la formation des chiropracteurs et à l'agrément des établissements de formation en chiropraxie