Mal de dos : quand les vertèbres s'en mêlent
Qui n'a jamais eu mal au dos ? En France, un salarié sur deux se plaint de lombalgies. Le mal de dos reste l'ennemi numéro un des Français. C'est la première cause de consultation dans les centres anti-douleur. Pas étonnant qu'on le qualifie parfois de mal du siècle.
Géographie du dos
Le mal de dos est le problème de santé le plus fréquent au monde, selon l'Organisation Mondiale de la Santé. Il s'agit de la première cause d'invalidité avant l'âge de 45 ans et entre 66% et 75% des Français en souffrent ou en souffriront un jour (scoliose, hernie discale, lumbago, arthrose...).
Le dos est formé en son centre, d'une colonne vertébrale composée de 33 vertèbres empilées les unes sur les autres. Entre chaque vertèbre, un disque limite les frottements osseux et sert d'amortisseur. Du cartilage recouvre la surface des vertèbres. L'usure de ces structures protectrices peut être à l'origine de certains maux de dos.
Quand le cartilage disparaît par usure, les surfaces osseuses ne sont plus protégées et les frottements osseux deviennent douloureux. Le disque vertébral peut aussi être atteint. Ce disque est entouré d'une paroi fibreuse et rigide pour contenir son centre mou et élastique. Avec l'usure du temps ou à la suite d'un traumatisme, cette paroi plus rigide peut s'ébrécher et s'aplatir. Le disque va alors comprimer la moelle épinière et les nerfs. Cela provoque une hernie discale, et une douleur compressive intense de type sciatique. Parfois, la douleur est telle qu'il est nécessaire d'opérer.
Prévenir le mal de dos au travail
Les lombalgies représentent à elles seules en France près de trente millions de journées d'arrêt de travail, soit entre 1 et 2% du PIB. Pour cette raison, plusieurs entreprises prennent les devants. C'est le cas par exemple dans l'aéronautique.
Posture et stress sont des facteurs déclenchant des douleurs, ce qui bien sûr provoque de nombreux arrêts de travail. Les médecins du travail proposent donc aux directions des entreprises de mettre en place des postes aménagés qu'on appelle les cadres verts. Le concept de "cadre vert" a été développé par la Sécurité sociale avec des critères ergonomiques. Il existe notamment des contre-indications de port de charges lourdes de plus de cinq kilos, éviter de se pencher en avant... Il est interdit d'adopter certaines postures qui sont de nature à créer de la douleur chez le salarié. Ces postes sont aussi aménagés pour des pathologies dorsales autres que musculaires et plus invalidantes.
Les postes "cadre vert" sont attribués pendant trois à six mois. C'est le temps nécessaire pour soulager les douleurs du salarié et éviter que les problèmes de dos deviennent chroniques.
La chirurgie au secours du dos
Lorsque les racines nerveuses sont compressées et que les douleurs sont extrêmement aiguës et handicapantes, une chirurgie peut être envisagée. Elle consiste à remplacer les disques vertébraux usés par des implants afin de libérer les racines nerveuses.
A Lyon, une clinique utilise une technique opératoire qui se déroule en deux temps, à trois jours d'intervalle. Une méthode qui permet au patient de récupérer plus vite.
Décoincer le dos
Il existe également des méthodes d'action non chirurgicales. L'ostéopathie, la kinésithérapie ou la posturologie restent autant de moyens pour soulager un mal de dos lorsque celui-ci n'est pas trop grave.
"Montre-moi comment tu te tiens, je te dirai pourquoi tu as mal au dos", tel pourrait être l'adage de la posturologie. Cette discipline étudie notre position dans l'espace, notre équilibre, notre stabilité. Dans le cas de la lombalgie, elle montre souvent que de multiples paramètres sont en cause.
Le bilan postural permet d'obtenir une cartographie des tensions au niveau du dos. Le but de la posturologie étant de rechercher l'ensemble des tensions musculaires et leur impact sur toutes les parties du corps.
L'ostéopathie aquatique contre le mal de dos
Les maux de dos sont des maux extrêmement fréquents aux causes très variées. Des solutions existent pour lutter contre ces douleurs.
L'ostéopathie peut être intéressante pour traiter le mal de dos mais elle ne se pratique pas que sur table. On peut aussi y recourir dans l'eau. L'ostéopathie aquatique est assez récente en France et tend à se développer. Elle est bien indiquée pour les lombalgies car elle apporte aux patients une détente musculaire importante.
Les séances d'ostéopathie aquatique coûtent environ 70 euros.
Mal de dos : les bienfaits de la kinésithérapie
Pour soulager les douleurs de dos, on a souvent recours à une rééducation kiné. Et une des méthodes utilisées en cas de hernie discale est la méthode McKenzie. La méthode McKenzie est une méthode d'évaluation et de traitement des douleurs mécaniques du rachis.
La rééducation consiste en une série d'exercices bien précis adaptés à chaque pathologie. "Lors de la première consultation, nous établissons un diagnostic mécanique ce qui permet ensuite d'établir une stratégie avec le patient, dont l'objectif sera qu'il puisse recevoir une formation, un enseignement par rapport à son problème. Il n'y a pas meilleur thérapeute que le patient lui-même s'il a été bien formé. Ensuite il pourra adapter les postures, modifier son comportement pour guérir de manière durable", explique Sylvain Riquier, kinésithérapeute.
Le but des exercices est de diminuer les blocages liés aux déplacements des disques afin de soulager la douleur et retrouver une liberté de mouvements. Ils doivent être pratiqués quatre à cinq fois par jour : "Il faut que les patients prennent conscience que leurs exercices, c'est un traitement. Et c'est ce qui fait qu'ils vont pouvoir s'améliorer", note Sylvain Riquier.
Les patients peuvent ensuite prendre part à des cours d'équilibre sur ballon, rassemblant des personnes ayant souffert de pathologies du dos. L'objectif de ces cours étant de consolider les acquis pour éviter les récidives.
Mal de dos : une imagerie de plus en plus perfectionnée
Pour poser un diagnostic ou préparer au mieux une opération, les spécialistes du dos bénéficient de techniques d'imageries de plus en plus perfectionnées et de moins en moins irradiantes, comme l'imagerie EOS.
EOS est un système d'imagerie très perfectionné et à faible taux d'irradiation. Il permet de visualiser la totalité du corps du patient en position naturelle debout et en trois dimensions. "Ce système permet d'avoir une acquisition dans le même temps du squelette en entier, c'est-à-dire du crâne jusqu'aux pieds. Cela nous permet derrière avec un système de reconstruction, d'avoir une modélisation tridimensionnelle. Alors que la radiographie, elle, ne nous permet absolument pas de faire cette modélisation en trois dimensions", explique le Dr François Guichoux, radiologue.
Ce couplage de l'imagerie et de la modélisation informatique permet d'obtenir des paramètres cliniques précis tant pour le diagnostic que la planification chirurgicale ou le contrôle opératoire.