Comment expliquer l'usage excessif des antidépresseurs en France ?
Comment expliquer l'usage excessif des antidépresseurs en France ?
Les réponses avec le Pr Emmanuel Haffen, psychiatre, et le Pr Alain Astier, pharmacien :
"Un certain nombre de patients reçoivent des traitements antidépresseurs pour lesquels il n'y a pas de diagnostic avéré, cela existe. Quel facteur peut expliquer cette utilisation ? Il y en a un certain nombre. Le premier facteur à mettre en avant est le repérage diagnostique et le temps du repérage diagnostique. Bien souvent les consultations, surtout en soins primaires, sont relativement courtes. Or, aborder les difficultés psychiques prend du temps.
"Si la consultation est dévolue au diagnostic et au repérage d'un épisode dépressif, la consultation et l'entretien avec le médecin généraliste peuvent être suffisants. Mais bien souvent on aborde certes les difficultés sur le plan psychologique, mais on aborde aussi les pathologies somatiques pour lesquelles on vient aussi consulter. L'un des écueils se situe dans ce repérage diagnostique et par rapport au temps dévolu au repérage et au diagnostic. À partir du moment où le temps n'est pas suffisant, il y a possibilité de prescrire à tort un traitement antidépresseur."
"En 2000, d'après le rapport de l'OCDE, la France était placée en cinquième position parmi les plus gros consommateurs au niveau mondial. Aujourd'hui nous sommes en quinzième position. On a continué à augmenter notre consommation d'antidépresseurs mais les autres pays ont encore plus augmenté leur consommation d'antidépresseurs. L'Allemagne a multiplié par exemple par 2,5 sa consommation d'antidépresseurs. Alors que la France a augmenté sa consommation de 25% seulement. La France a continué d'augmenter sa consommation d'antidépresseurs mais elle est devenue meilleure non pas parce qu'elle en consomme moins mais parce que les autres en consomment beaucoup plus.
"Parmi les plus gros consommateurs d'antidépresseurs, on trouve l'Islande. Mais il n'y a pas de relation avec la crise économique. En Grèce, en Espagne il n'y a pas plus de consommation d'antidépresseurs alors que dans des pays comme le Luxembourg, il y a une forte augmentation de la consommation."
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