Don du sang : Dominique Baudis pour la levée de l’interdiction faite aux homosexuels
Les homosexuels vont-ils pouvoir bientôt donner leur sang ? Les autorités sanitaires réaffirment régulièrement leur opposition, mais le nouveau Défenseur des droits, Dominique Baudis, vient de se prononcer en faveur de la levée de cette restriction.
Exclus du don du sang à cause de leur sexualité… Depuis 1983, "les hommes ayant des relations sexuelles avec un autre homme" ont interdiction de donner leur sang. Une restriction que conteste Dominique Baudis, le Défenseur des droits. Dans une tribune publiée par Libération, il affirme que "la France devrait à son tour limiter les restrictions de dons aux seules personnes, hommes ou femmes, présentant un risque accru du fait exclusif de comportements sexuels à risque".
L’argumentaire de Dominique Baudis s’appuie sur la distinction, faite par de nombreuses associations entre "orientation sexuelle" et "comportement sexuel". En clair, les homosexuels sont exclus du don du sang à vie au motif qu'ils appartiennent à un groupe à risque, sans prendre en compte précisément leurs pratiques sexuelles.
Mais selon l'Etablissement Français du Sang (EFS), cette contre-indication se justifie par les données épidémiologiques : "en 2010 le risque d'exposition au VIH est 200 fois plus élevé lors d'une relation sexuelle entre hommes". L'EFS pratique un dépistage systématique du VIH sur tous les dons de sang, mais il existe une période de plusieurs jours suivant l'infection où les anticorps dirigés contre le virus ne sont pas détectables.
"Pendant cette période silencieuse, la personne infectée est porteuse du virus et peut donc le transmettre alors même que les tests de dépistage sont négatifs", explique l'EFS. Or, compte tenu des données épidémiologiques, ce risque est majoré chez les homosexuels.
Cette contre-indication a donné lieu à de vifs débats au Parlement au cours de la révision des lois de bioéthique qui a eu lieu au printemps 2010. Pour leur part, les associations SOS-Homophobie et Elus locaux contre le sida jugent cette exclusion "discriminatoire" et "insultante".