Grossesse : la vitamine B9 (acide folique) pourrait réduire les risques d’autisme
Prendre de la vitamine B9 (acide folique), un mois avant le début de la grossesse et continuer pendant deux mois, réduirait de 40% le risque d'autisme pour l'enfant d'après une étude norvégienne publiée dans le Journal of American Medical Association (JAMA).
"Ces résultats sur l'autisme apportent un argument supplémentaire pour améliorer la prescription de vitamine B9 avant la grossesse et à son commencement", espère le Dr Ghada Hatem, chef du service gynécologie-obstétrique de l'Hôpital de Saint-Denis (93).
"Aujourd'hui, un grand nombre de femmes arrivent encore à nos consultations sans en avoir reçu à la période la plus importante, c'est-à-dire un mois avant d'être enceinte et dans les deux mois qui suivent." Telles sont pourtant exactement les recommandations déjà établies dans le cadre de la prévention du spina bifida, une malformation grave de la moelle épinière. Partagées par la Norvège, ces recommandations ont été suivies par une partie des mères participant à la vaste étude MoBa (Mother and Child Cohort). Et en 2012, le suivi de leurs enfants montre que le risque d'autisme a été réduit pour eux de 40% par rapport à ceux dont la mère n'avait pas pris de vitamine B9 (également appelée acide folique).
"C'est une information très intéressante, rendue possible par les registres exceptionnels constitués dans les pays du Nord, sources de suivis épidémiologiques de grande qualité", commente le Pr Marion Le Boyer, responsable de la fondation FondaMental et d'une équipe de recherche sur la psychiatrie génétique.
Pour l'instant, le lien "biologique" entre la survenue de troubles autistiques et l'action de la vitamine B9 (acide folique) n'est pas encore précisément établi. Ce qui est connu, c'est qu'elle joue un rôle essentiel dans la division cellulaire. Elle serait ainsi indispensable aux toutes premières étapes du développement de l'embryon. Une carence en folate est associée à des malformations du tube neural, "ébauche" du système nerveux central. On le savait depuis longtemps, pour des défauts de fermeture de ce tube neural provoquant le spina bifida. Il y aurait d'autres séquelles.
"Ceci correspond à une découverte finalement assez récente sur l'autisme : il est provoqué par des troubles de développement du système nerveux central", poursuit le Pr Le Boyer. "Les connexions entre les neurones ne se mettent pas en place correctement." Son équipe a ainsi décrypté des mutations génétiques touchant des protéines décisives pour la formation de ce système nerveux central. "L'existence de facteurs environnementaux expliquant ces anomalies, comme les conditions de la grossesse par exemple, commencent à faire l'objet de travaux, mais les moyens manquent toujours", déplore la chercheuse.
En attendant, grâce aux plus de 85.000 enfants qui ont participé à l'étude, il existerait un moyen simple de diminuer les cas d'autisme : de la vitamine B9 pour toutes les femmes qui ont un projet de grossesse.
"Il faut mobiliser les centres de santé, les généralistes et surtout les gynécologues de ville", conclut le Dr Hatem, gynécologue-obstétricienne à l'hôpital de Saint-Denis. "D'autres campagnes bien organisées sur le diabète par exemple ont fait leur preuve, c'est donc une question de moyens !" Avec un espoir : celui de retenir plus facilement l'attention des futures mères avec l'argument "autisme" qu’avec celui du spina bifida, presque complètement inconnu du grand public.
Aujourd'hui, seules 25% des femmes enceintes ont suivi les recommandations concernant la prise de vitamines B9...
Etude de référence : "Association Between Maternal Use of Folic Acid Supplements and Risk of Autism Spectrum Disorders in Children", JAMA. 2013;309(6):570-577, doi:10.1001/jama.2012.155925
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