L'usage de benzodiazépines à long terme accroît le risque de démence
Des chercheurs de l'Inserm ont mis en évidence que les personnes âgées consommant d'une manière répétée des benzodiazépines présentaient 50 % plus de risques de développer une démence dans les 15 années suivant le début du traitement. C'est le résultat d'une étude publiée dans le British Medical Journal.
Les Français raffolent des benzodiazépines. 30 % des personnes âgées de plus de 65 ans en consomment. Ce sont des médicaments psychotropes indiqués pour traiter l'anxiété et les troubles du sommeil. Selon les recommandations internationales, leur prescription ne doit pas dépasser deux à quatre semaines. Or, leur utilisation est bien souvent chronique.
C'est justement la consommation répétée de benzodiazépines qui est mise en cause dans cette nouvelle étude de trois unités de l'Inserm de Bordeaux. Des chercheurs ont observé un groupe de plus de 3 000 individus, avec une moyenne d'âge de 78 ans, durant 15 ans.
"Un faisceau de présomptions suffisamment important"
Les résultats montrent que les personnes prenant des benzodiazépines régulièrement avaient 1,5 fois plus de chance de développer une démence que les autres. C'est à dire une réduction des capacités cognitives entraînant une perte d'autonomie, de type Alzheimer. Comme toute analyse observationnelle, cette étude ne peut affirmer qu'il y a un lien de cause à effet entre la maladie et la prise du médicament. Il faudrait pour cela réaliser une étude clinique qu'il n'est pas possible d'envisager d'un point de vue éthique.
Mais pour le Pr. Bernard Bégaud, chercheur à l'Inserm et co-auteur de l'étude, "il existe un faisceau de présomptions suffisamment important pour que l'on tire la sonnette d'alarme sur la consommation régulière de ces médicaments".
Les détracteurs de l'étude, eux, pensent au contraire que les benzodiazépines ne sont pas responsables de la maladie, mais sont une de ses manifestations. En d'autres termes, les troubles de l'anxiété ou les troubles du sommeil pour lesquels ont prescrit des anxiolytiques seraient les premiers symptômes de la démence.
"Pendant les sept premières années de l'étude, nous n'avons pas remarqué de différences entre les personnes qui consommaient des benzodiazépines et les autres. Ce n'est qu'après que l'écart se creuse. Ce qui nous laisse penser que les patients n'étaient pas déments avant le début du traitement", affirme Bernard Bégaud.
Les chercheurs ne remettent pas en cause l'utilité des benzodiazépines pour traiter les insomnies et l'anxiété, mais ils demandent les pouvoirs publics de contrôler la bonne utilisation de ces médicaments, à savoir une prescription ponctuelle et de courte durée.
Source : "Benzodiazepine use and risk of dementia: prospective population based study", BMJ, 28 septembre 2012, 345 doi: 10.1136/bmj.e6231
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