Le lait peut-il soulager les brûlures d'estomac ?
Boire un verre de lait pour soulager les brûlures d'estomac, c'est ce que recommandaient les médecins il y a encore quelques années. Cette sensation d'apaisement est cependant temporaire et dépend de la pathologie.
Ce qui est certain, c'est que le pH du lait est bien moins acide que le pH gastrique, de ce fait, s'il est capable de procurer un soulagement, il en est de même pour n'importe quel autre aliment possédant les mêmes particularités.
Les protéines stimulent la production d'acide chlorhydrique
C'est le contact des secrétions acides de l'estomac avec la muqueuse irritée qui nous fait souffrir. Ces sécrétions forment le suc gastrique et sont composées de mucus, d'enzymes mais aussi d'acide chlorhydrique, responsable, comme son nom l'indique, de l'acidité. Ainsi, lorsqu'un aliment est ingéré, il se mélange aux sucs gastriques, les diluent et puisqu'il est moins acide, par effet tampon, permet d'abaisser le taux d'acidité. La douleur est de ce fait, atténuée.
Ce soulagement n'est qu'éphémère et l'explication reside dans la teneur en protéines des aliments. Ainsi le lait, qu'il soit entier, ½ écrémé ou écrémé, contient des protéines, les caséines (environ 3,3gr/100gr) et il a été démontré depuis longtemps déjà, qu'à leur arrivée dans l'estomac, celles-ci stimulent la production d'acide chlorhydrique, facteur principal de la sensation douloureuse.
Mieux comprendre la digestion
La digestion est donc l'association de divers mécanismes complexes pouvant se résumer de la façon suivante.
Une phase céphalique : La seule idée que nous puissions mettre des aliments dans notre bouche, permet à notre cerveau d'envoyer, par voie nerveuse, des informations aux cellules qui secréteront les enzymes nécessaires à notre digestion. Ces enzymes se trouvent dans notre salive (amylases et lipases), mais aussi, bien que nous n'ayons encore rien avalé, dans notre estomac. C'est aussi dans notre estomac que se situent les cellules G. Elles répondent aux stimuli nerveux et produisent ainsi de la Gastrine, une hormone, qui va communiquer avec d'autres cellules et induire la sécrétion du suc gastrique dont l'acide chlorhydrique (HCL) fait partie.
Une phase gastrique : Dans l'estomac, l'arrivée des nutriments intensifie ces sécrétions. Les protéines en particulier, sont reconnues par les cellules G qui a leur contact vont secréter plus de gastrine et donc induire plus de production d'HCL. D'autres stimuli favorisent la fabrication du suc gastrique et lors de cette phase, l'estomac produit 70% des sécrétions nécessaires à la digestion. Celles-ci vont se mélanger aux aliments ingérés pour former le chyme.
Une phase intestinale : Le chyme passe ensuite par petite quantité (12ml) dans le duodénum (première partie de l'intestin)et c'est à partir de ce moment là que l'absorption des différents nutriments à lieu et que petit à petit les sécrétions acide de l'estomac vont être inhibées.
L'effet des aliments en cas de gastrites ou d'ulcères
Les aliments ont néanmoins un effet différent en fonction des pathologies et pour cette raison, il faut différencier les gastrites, qui sont une affection bénigne de la muqueuse, l'ulcère duodénal et l'ulcère gastrique.
Dans le premier cas, la muqueuse reste intacte et possède encore des moyens de protection naturels par rapport à l'HCL, la douleur est donc plutôt réveillée par l'arrivée des aliments dans l'estomac, notamment avec les irritants (alcool, le thé ou la café). Lors de lésions au niveau du duodénum, c'est l'acidité du chyme arrivant sur la partie sensible qui augmentera la douleur. Dans les deux cas, les patients mangeront moins pour limiter l'inconfort.
Lorsqu'il s'agit d'un ulcère gastrique, on parle de "faim douloureuse". L'HCL au contact de la plaie accentue la douleur et l'ingestion d'aliment, permettant de diluer la quantité d'acide chlorhydrique produite, a un effet calmant rapide mais de courte durée. Les personnes souffrant de cette pathologie auront d'ailleurs tendance à grignoter et à prendre du poids.
Il n'y a donc pas vraiment d'aliments efficaces pour lutter contre la douleur, certains irritants cependant, comme l'alcool, le thé ou le café, peuvent l'amplifier et sont donc à éviter.
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